Il aura fallu attendre 5 bonnes années pour revoir Ridley Scott, réalisateur et auteur aussi bien adulé que détesté par le public, nous livrer un nouveau film sur la saga horrifique Alien. Si les échecs critique accumulé par Cartel et Exodus n’ont pas rassuré beaucoup de monde, le succès (mérité) de Seul sur Mars aura redonné confiance à du beau monde, l’accueil reçu par Covenant divise malheureusement tout autant que le premier préquel de la saga Alien, voire peut être plus.


Prometheus a fait couler énormément d’encre et provoquer beaucoup de gueulante de la part des fans de la licence Alien lorsqu’il est sorti en 2012, alors qu’il était attendu de toute part comme un grand retour de la saga. Colère que je trouve justifié pour beaucoup de personne, statut de pétard mouillé (que je ne renie pas) auprès de beaucoup de personne. Mais n’ayant pas grandi dans la hype Alien à ce moment là et que je l'ai découvert sur le tard, j’avoue que j’ai un profond intérêt et sympathie pour ce film, aussi bien pour l’histoire qu’il y a derrière que pour sa tentative plus qu’honorable de changer de ton avec les autres films de la saga Alien. Des soucis d’écritures évident, voire mêmes des incohérences et débilités évitables mais au moins une ambition de lancer une nouvelle saga de film sur la licence.


Covenant repart clairement avec une esthétique proche des films d’origine afin de satisfaire les fanatiques de la saga mais, en y repensant, il a la lourde tâche de devoir reprendre certaines intrigues du premier préquel, qu’il soit assumé ou pas. Hélas au fil de la promo confirmant son retour à l’ambiance du premier film, de Ridley Scott affirmant qu’il délaissait la sous-intrigue sur l’origine de l’humanité avec les ingénieurs et de la présence de David révélé dans le prologue de 2 minutes qui sont consacrés à lui et Elizabeth Shaw, on pouvait déjà deviner que Covenant diviserait le public, mais pas au point que les retours soient aussi crus et dur pour les avis négatifs. Et autant j’étais prêt à accepter certains défauts dans Prometheus, autant là ce deuxième film préquel ne marche tout simplement pas.


Ce second préquel se retrouve à son tour le cul entre deux chaises comme son prédécesseur mais pas parce qu’il ne s’assume pas comme tel. Il hésite souvent entre les éléments qu’il reprend du premier film préquel et le ton horrifique et mystérieux qui avaient fait le charme des premiers films, en donnant un côté slasher à son film. Déjà que je ne suis pas friand de ce sous-genre du film d’horreur, ça va être encore plus difficile de l’être quand on voit le peu de background qu’il donne à l’équipage du vaisseau de colonisation spatiale Convenant. Dés que l’équipage se réveille de son sommeil après l’accident spatiale, on rencontre un équipage de 15 personnes tous plus vides les uns que les autres.


Daniels jouée par Katherine Waterston est l’uns des seuls personnages à avoir un minimum de développement


avec la perte de son époux Jacob Branson (interprété par ce pauvre James Franco qui n’a même pas 1 minute totale d’apparition dans tout le film quand ça n’est pas Guy Pearce qu’on balance uniquement dans la scène d’introduction… du coup pourquoi avoir engagé deux comédiens comme eux pour si peu ?).


Et Walter l’androïde du vaisseau est le seul autre membre de l’équipage à avoir un caractère correctement installé et à être bien exploité. La seule chose qu’on sait des autres membres est qu’ils sont mariés pour la plupart, à part ça : que nenni !


Scott veut recréer la sympathie qu’on éprouvant pour l’équipage du Nostromos dans le premier film mais : primo, il y a beaucoup trop de personnage pour tout les traiter en moins de 2 heures (une bonne quinzaine). Et deuxio, la chimie de groupe qu’ils sont censé partager est ridiculement artificiel et ne paraît jamais naturel en plus d’être sous-exploité.


Malgré tout, l’espoir n’a pas toujours l’air aussi éloigné, puisque l’une des principales qualités qu’on retrouve ici est le talent de composition d’image de Ridley Scott. Du haut de ses 79 ans, l’auteur de Blade Runner, Seul sur Mars et Gladiator prouve qu’il a le sens de l’image et de l’esthétique : les cadres sont soignés, les plans ont de la gueule et sont magnifiquement composées, l’action bien mené et bien découpé et la photo de Dariusz Wolski, directeur photo des films de Scott depuis Prometheus, est réussie. A ce niveau il est difficile de lui faire un réel reproche si on exclut la reprise des plans reprises sur Prometheus.


Et surtout le visuel est maîtrisé, tant pour les décors naturels que les effets numériques comme ces espèces de spores vivante issus de ces œufs que l'on a vu dans les bandes-annonces et pénétrent l'organisme des membres de l'équipage. En revanche réutiliser le cliché du malheur qui arrive obligatoirement à quiconque s’écartant du groupe et se retrouvant seul, ça m’a vite exaspéré. Cela arrive plus d’une fois et ça m’a vite sorti du film à force de voir cette bande de demeuré crever les uns après les autres soit parce qu’ils se sont éloignés de la bande et ont été assez bête pour s’approcher de ce qu’ils ne connaissent pas, prendre les mauvaises décisions quand il ne faut pas…


ou pour faire un minimum confiance à David (toujours superbement interprété par un Michael Fassbender en grande forme qui joue aussi Walter), unique survivant de l’équipage du Prometheus alors qu’ils n’ont pas la moindre idée de ce qui s’est passé dans cet espèce d’ancienne ville ou toute une civilisation a été décimée et de ce qu’il est devenu pendant ces 10 dernière années depuis la décimation de l’équipage du Prometheus.


Ce personnage sera d’ailleurs le seul lien pleinement assumé avec Prometheus et celui qui apporte les meilleurs points à ce second volet de la saga Préquel.


Tant par sa (très bonne) relation avec Walter, son successeur androïde que pour sa psychologie et sa philosophie de l’évolution, de la foi et de la création (en particulier une scène ou David apprend à Walter à jouer de la flûte et tente de le faire évoluer en tant qu’androïde indépendant).


Mais il sera aussi la principale raison qui enterrera ce préquel dans le dernier quart d’heure et cliffhanger qui fait que la saga Alien devient incohérent


dés lors qu’il introduit 2 œufs d’alien parmi les embryons après avoir endormis Tennesee et Daniels dans un sommeil artificiel en plus d’envoyer définitivement valser l’intrigue sur les origines de l’humanité (comment l'ordi central ne peut pas repérer la présence d'un non membre d'équipage ?). Là il y a toute les chances pour que son existence soit connu et les ingénieurs sont complètement abandonné après qu'on nous ait montré la scène de leur massacre.


Et surtout, le plus affligeant là-dedans, ça reste l’exploitation du Xénomorphe incroyablement générique dans ce film alors que les bandes-annonces misaient fortement sur sa présence.


L’iconisation est inexistante à travers la mise en scène, la menace est réduite à un boss final minable de jeu vidéo et la pauvre créature est même ridiculisé… 2 fois d’affilée pour un second combat complètement inutile et superficiel. Comment est-ce que le même cinéaste qui a créé le Xénomorphe et l’a inscrit dans nos mémoires arrive à faire preuve d’autant d’inintérêt envers cette même créature ? Et surtout, comment fait-il pour rendre les morts aussi anecdotiques alors que c’étaient des instants marquants dans les premiers films ? Si le Xénomorphe a été ajouté uniquement pour contenter les fanboys, on s’en serait bien passé si c’était pour voir ça surtout qu'il est introduit sans la moindre subtilité et sans rapport avec les intrigues autour de Prometheus balancé aux oubliettes dés l'arrivée de la créature.


Ce n’est pas avec joie que j’en dis autant de mal, à la base j’avais envie de le défendre ce film, et de défendre Ridley Scott à nouveau. Le casting fait bien le job, son talent de metteur en scène est là, la BO de Jed Kurzel n'est pas trop mal malgré une ou deux reprises maladroites de la musique de Prometheus et quelques scènes fonctionnent mais on se retrouve devant l’un des plus gros pétards mouillé de 2017 et sans mal le pire film de la saga Alien. Car il commet les mêmes erreurs et débilités scénaristiques que Prometheus dans l’écriture, la dernière partie enterre définitivement ce préquel tant il est difficilement crédible avec la saga d’origine, on ne s'intéresse pas suffisamment à la nouvelle créature introduit dans la saga, on ne retient aucun mort qui ressemble plus à des morts de Slasher movie lambda quand ça n'est pas stupide et ça n’arrive jamais à créer une d’empathie naturelle pour l’équipage tant on s’intéresse peu à eux.


Ce qui en fait, subjectivement, le plus mauvais film du cinéaste depuis son préquel de Robin des Bois de 2010. On ne peut que prier pour que Ridley Scott finisse par changer d’avis et se tournera vers d’autres projets pour la fin de sa carrière au lieu de s’enfermer sur ce qui l’a fait connaître du grand public. Parce que lorsqu’il veut filmer un préquel, visiblement ça marche pas.

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