Argo
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Argo

Film de Ben Affleck (2012)

Quand un biopic sert un message peu glorieux

Ben Affleck a toujours eu une facette de bon petit soldat du cinéma américain. En réalisant Argo, il s'est emparé d'un biopic (l'exfiltration réelle de six otages américains d'Iran en 1980) auquel il a insufflé une tonalité plutôt patriotique. Et c'est là que la pilule a du mal à passer car l'acteur/réalisateur caricature la population iranienne qui n'était pas toute acquise à Khomeiny (via cette police politique prête à arrêter des ressortissants américains pour les juger comme espions) si ce n'est la jeune employée de maison de l'ambassade de Canada qui finit pas fuire en Irak (enfin un plan réaliste). Il y a donc une association maladroite entre la manoeuvre de l'agent de la CIA Tony Mendez et la géopolitique d'un état encore peu tourné vers la religion. D'une certaine manière, Ben Affleck a glorifié un fait d'armes américain sans donner de la consistance au peuple iranien plus bafoué et victime dans un état politique trop lourd. Quelque part Argo est donc un film du système qui aurait pu être bien plus honnête s'il ne servait pas un message peu glorieux. Certes, la CIA a fait un bon boulot en exfiltrant six diplomates américains mais c'est surtout la détermination des producteurs de film et de leurs connaissances des ficelles qui ont fait réussir le coup à Téhéran. D'autre part, c'étaient deux briscards qui connaissaient trop bien le système pour le glorifier. En n'abordant pas ce fait en surface, Affleck aurait commis un film moins ambigu mais je doute qu'il aurait eu ses Oscars. Quelque part, je me dis aussi qu'il aurait mieux fait de rester du côté de Boston pour mener des intrigues qu'il cerne mieux et où il évite de mélanger les genres. Argo, même s'il se laisse regarder, aura manqué sa cible d'un éclairage militant et fait regretter que Goodman et Cranston définitivement bons acteurs se retrouvent au générique d'un film somme toute propagandiste. Alors oui, "Argo dans ton cul" (réplique récurrente du film) à cette entreprise maladroite, inaboutie qui aurait pu s'élever beaucoup plus.

Specliseur
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le 5 mars 2017

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