Si je suis un peu honnête, je crois que je n'avais pas eu envie de revoir 2 fois d'affilée le même film depuis Eternal Sunshine, il y a 8 ans et des poussières. La claque, quoi. J'ai mis Belle de jour, j'ai regardé Belle de jour, et à la fin j'ai dit à haute voix "DÉJÀ?".
Oui. C'était trop court.


Bon, déjà, je pense que j'ai un sérieux souci avec les années 60 et le cinéma. J'arrive pas à être objective. Déjà parce que je suis folle amoureuse de Michel Piccoli et que Catherine Deneuve me fait mourir de rire. Mais aussi pour ces charmants dialogues très écrits, avec une langue toujours délicate, et raffinée, et des méandres entre les verbes et les sujets. Ça fait trop, mais c'est toujours juste. Paradoxe des années 60, ça nous agace mais on en veut encore. Allez comprendre.
Belle de jour, je crois que c'est un film qui traite tellement de sujets différents qu'il est difficile de pouvoir en parler juste après, à chaud. Ça parle de prostitution, mais pas vraiment, d'amour, mais pas vraiment, d'infidélité alors, ou alors du désir, du fantasme, et, comme toujours chez Bunuel, de tout ce labyrinthe de sentiments que l'être humain se plait à arpenter au long de sa vie. Ça pue l'humour noir et l'ironie, mais jamais le manichéisme. Séverine finalement n'a rien fait de mal. Elle n'a rien fait de bien non plus. Elle a juste essayé de trouver un sens un peu moins vague à son existence.
Et ce n'est pas les quelques minutes de fin, cruelles et acerbes, qui me feront penser le contraire. Même si l'on pense tout de suite à la Justine de Sade qui finit foudroyée par l'orage à la toute fin du bouquin (la punition divine est O MAX), je crois que ce serait une erreur de faire un parallèle avec le dénouement tragique qui attend Pierre à la fin de Belle de jour. Il n'y a aucune punition divine, si ce n'est celle que l'on s'inflige en suivant une morale sociale ou religieuse qui va à l'encontre de notre épanouissement.


Autre chose, assez singulière pour être notée : j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup ri. Et je ne m'y attendais pas du tout. Mais je le répète, on sous estime complètement le potentiel comique de Catherine Deneuve, aussi souple qu'une tringle à rideaux dans ses jarretelles, qui réussit le pari insensé de rire d'elle même en n'étant jamais ridicule...

NanténéTraoré
10

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Créée

le 25 juil. 2017

Critique lue 136 fois

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