" I just want to be perfect ... "

Chronique poétique et terrifiante du monde de la danse classique, Black Swan de Darren Aronofsky, est une œuvre marquante de part son élégance et sa grâce, toujours empreinte de noirceur et de désillusions. Black Swan est une œuvre sur la recherche intérieure, sur le combat intime d'une jeune femme qui doit se détruire pour s'élever.


Relevant d'une maîtrise incomparable, Black Swan est une œuvre perfectionniste, qui joue sur les nombreux contrastes de son sujet. Entre la candeur de l'univers du cygne blanc et la noirceur bestiale et terrifiante du cygne noir, Black Swan nous narre l'histoire de Nina Sayers, une jeune ballerine qui va devoir se dépasser, sortir de son quotidien trop parfait pour apprendre à se lâcher et tenter de vivre intensément son art, peu importe le prix que cela lui coûtera.
Le film est armé d'une violence aussi surprenante que logique, le monde de la danse classique y est dépeint sous toutes les coutures, les rivalités, la quête de la perfection et la compétition, sont des thèmes abordés de manières intéressantes, cependant pas toujours subtiles et même crues. Pourtant cela sonne parfaitement car ce sont cette hardeur et cette férocité dévastatrice, qui parviennent finalement à dépeindre brillamment l'univers très fermé du ballet, un monde froid auquel Aronofsky ne fait d'ailleurs pas d'éloges, car cet univers se rend grâce lui-même.
C'est donc dans ce tableau que l'on suivra l'histoire de Nina, jeune fille naïve et douce, à laquelle nous allons quasi instantanément nous attacher. Tout chez elle symbolise la fragilité, la fraîcheur et la pureté, de ces petites boucles d'oreilles en perle, en passant par sa chambre rose-bonbon remplie de peluches. Sa descente aux enfers sera donc vécue avec encore plus d'intensité par le spectateur, car ce n'est pas seulement dans la violence psychologique du film que l'on vivra l’expérience Black Swan, mais aussi dans cette vision du monde tendre et doux de Nina qui s'écroule, petite nymphe fragile confrontée à ses démons intérieurs dont elle ne soupçonnait même pas l'existence.
Mais le long-métrage aborde aussi la grâce et la beauté des ballerines, ce qui nous gratifie d'ailleurs de scènes somptueuses et cultes. Gloire et chute s'entrecroisent sans cesse dans Black Swan, elles se livrent à une danse dangereuse mais sublime pour offrir au public une expérience unique et inattendue.


Dans sa technique Black Swan n’éblouit pas forcément, certains vont le trouver très agaçant au niveau des de la mise en scène, car Aronofsky choisi de filmer de manière à rendre son œuvre immersive, ce qui inclut donc une caméra stable mais portée à l'épaule. Outre cela, la mise en scène nous gratifie de moments de grâce incomparables, mettant en valeur la lumière et les personnages, et s'accordant bien entendu à la perfection avec le score de Clint Mansel, qui revisite ici Le Lac des Cygnes avec beaucoup de pudeur et de respect, tout en lui insufflant une force neuve.
Si je devais citer mes scènes préférées, il y aurait bien évidemment le ballet final, les scènes montrant la relation tordue entre Nina et sa mère, et bien entendu celles qui dépeignent la folie dans laquelle s'engouffre irrévocablement Nina. Quasiment tout le film en fin de compte.


Pour ce qui est du casting, Natalie Portman montre ici qu'elle sait incarner un personnage avec beaucoup de convictions, le rendre attachant puis terrifiant, elle mérite amplement son oscar. Mila Kunis lui donne la réplique, et se révèle ici aux yeux de tous, son rôle ambigu lui permet d'exploiter certaines facette de jeux très intéressantes. Vincent Cassel quant à lui apporte la touche de masculinité à cet univers très féminin, il impose par son charisme et sa rudesse. Barbara Hershey incarne la mère castratrice et protectrice de Nina, rongée par ses désillusions d'ancienne ballerine. Et enfin Winona Ryder incarne le symbole de la chute, celle en qui Nina verra pourtant un modèle à suivre.


Black Swan est donc une œuvre profondément dramatique, un thriller psychologique dont on ne ressort pas indemne. Il figure dans mon top 10 car il fût un véritable choc cinématographique, un film qui m'a littéralement laissé mal à l'aise, mais qui m'a aussi fasciné par sa beauté et sa grâce terrifiante. Black Swan est une sorte d'osmose, un film qui mélange les genres et les accorde avec brio.

E-Stark
10
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le 26 juil. 2013

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E-Stark

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