« Je préfère parler d’insectes avec toi que de parler de rien avec personne ». Terrifiante histoire d’amour sur fond de paranoïa aiguë ou terrible plongée dans la démence collective sur fond d’amour entre deux êtres blessés qui ne peuvent que se détruire mutuellement. Bug révèle au grand jour le fond paranoïaque présent en chacun de nous, fond qui, lorsque certaines conditions sont réunies, dégénère en folie contagieuse, en auto-terrorisme. William Friedkin filme merveilleusement bien cette descente aux Enfers, cette agonie de l’espèce humaine : les individus errent sans but, se leurrent dans des paradis artificiels et reconstruisent un monde infracutané peuplé d’insectes tout prêts à sortir. Théâtre de marionnettes meurtries par la vie, radicalisées par un discours ésotérique qui les dépasse. On retourne à l’âge de pierre censé protéger des nouvelles technologies, des hommes-machines qui trompent, surveillent, envahissent le monde. On immole l’acte sexuel pour éviter la reproduction, la prolifération des monstres, la perpétuation de la malédiction. Ironie du sort que le huis clos magnifie, que les acteurs portent avec brio, à laquelle Friedkin apporte une remarquable puissance cathartique somme toute ludique. Un très grand film.