Roman Polanski fait partie de la dizaine de cinéaste que je suis attentivement. Et pourtant, avant de consulter mon programme tv pour la soirée à venir, je n'avais jamais entendu parler de "Carnage". Et je ne me l'explique pas (hibernation, perte de mémoire, lavage de cerveau.......). Le point positif, c'est que me voilà tout énervé à l'idée de découvrir un Polanski inconnu au bataillon.

Tout commence comme une banale histoire de parents responsables, se réunissant après la petite baston de leurs enfants respectifs (deux dents en moins pour l'un, tout de même...). Mon petit doigt me dit que c'est parti pour un huis clos (c'est que je suis perspicace moi!). Pas de panique, Roman maîtrise ce genre ("La jeune fille et la mort").
On se contentera donc de 4 personnages. D'un côté, Penelope et Michael (Jodie Foster et John C.Reilly), les parents modestes de l'édenté, de l'autre Nancy et Alan (Kate Winslet et Christoph Waltz) les géniteurs bourgeois de l'agresseur. Différence de niveau de vie, de conception de l'éducation, on assiste tout d'abord à un duel Penelope vs Alan avec Nancy et Michael dans le rôle des modérateurs. Et il ne me semble pas, malgré les apparences, que se soit Alan le plus méprisant des deux (même si décrochant sans gêne son téléphone, ou semblant peu concerné par la résolution du conflit, il y met franchement du sien). Pénélope, ayant tout fait tout vu, mettant en avant sa grande culture et une conception intellectuelle de l'éducation, ainsi qu'une "légère" tendance à dramatiser l'état de son enfant se défends pas mal non plus.

Les mots deviennent de plus en plus acerbes, les allusions se font de plus en plus précise, la tension s'installe, mais, principalement grâce aux efforts de Michael, on arrive à garder un semblant de savoir vivre et de bonne manière. Puis arrive le tournant de la discussion: Nancy vomit sur la table du salon! (une des plus belle gerbe que j'ai vu au cinéma d'ailleurs, classe la bourgeoise....). Et à partir de là, la discussion dégénère et échappe totalement au contrôle des protagonistes. On commence par un affrontement Nancy - Alan vs Penelope - Michael puis homme vs femme, mari vs épouse.....Les alliances se font et se défont selon les sujets abordés. Les enfants, sujet principal de la réunion, deviennent secondaires et pour finir est mis sur la table le mal être et les ressentiments existant au sein des deux couples. L'alcool aidant, les vérités sont dites. Jouissif mais également désespérant et cynique, tel est le regard que porte Polanski sur les relations humaines. C'est pas la joie.

Le casting est tout simplement excellent avec une mention spéciale à Waltz parfait dans le rôle de l'avocat sans gêne, cynique, provocant avec son petit sourire narquois mais je trouve que c'est lui qui, malheureusement , est le plus connecté à la vie actuelle ne cherchant plus à se réfugier derrière un idéal impossible. Finis les faux semblants, la réalité est dure à entendre.
Reilly, dans un rôle à contre emploi (cela le change des comédies US en général et des films de Will Ferell en particulier) s'en sort parfaitement tout comme Jodie Foster (en pouvait-il être autrement?). Et je ne peux être objectif en parlant de Kate Winslet que j'adore depuis........Titanic! Non, je déconne (faut pas pousser), depuis Eternal Sunshine Of The Spotless Mind. Elle joue bien la bourgeoise bourrée qui se lâche.

Bref, un film bien corrosif sur les rapports humains et au sein du couple, avec des dialogues incisifs et une mise en scène précise et dynamique malgré des possibilités restreintes (huis-clos) .

Seul petit bémol, une fin un peu abrupte qui m'a laissé frustré.

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le 10 oct. 2012

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Kowalski

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