Comment s'aurait pu être bien. Comment c'est pas passé loin !
Je vais être franc : j'ai découvert Orelsan et Gringe avec Bloqués, puis leur premier album Casseurs flowters. La bande annonce de ce Comment c'est loin m'avait bien chauffé : un humour second degré, une absence totale d'enjeu dramatique (créer un morceau en 24h après 5 ans de glande) et deux personnages tellement branleurs qu'ils en deviennent attachants, surtout quand on aime les losers au cinéma comme moi.
Problème : le scénario ne suit pas les ambitions musicalo-humoristiques du duo. Certes, Comment c'est loin n'est pas un clip géant, le piège facile, mais les séquences intermédiaires ne dépassent hélas pas leur fonction de remplissage : faible caractérisation des personnages, pas d'évolution, enfilade plus que succession structurée, et surtout une suite de sujets clichés qui n'amènent pas beaucoup de sang neuf au récit (les copines casse-couilles, les potes un peu gênants, le taff de merde...).
C'est d'autant plus dommage qu'au-delà de quelques punchlines bien senties et quelques moments de burlesque absurde rares dans le cinéma français, le film ose même quelques petits éclats d'ironie (le fan un peu chelou égal au Messager chers aux scénarios américains) mais cela ne dépassera jamais le stade de la blague. Le film se terminera comme on l'attend, et au final on aura regardé pendant 1h30 des mecs glander et se réveiller en dernière minute, tel un match de Rocky des années reaganiennes.
Il y avait un putain de potentiel avec ce je m'enfoutisme assumé qui aurait pu faire d'Orelsan un Emmanuel Mouret ou un Antonin Peretjatko en training baskets. Reste que Comment c'est loin n'est pas très méchant et suffisamment plaisant pour être regardé nonchalamment un dimanche matin de gueule de bois. En espérant un second film plus rigoureux dans sa procrastination.