Le saviez-vous ? Dans 23 pays du monde entier, le mot "Björk" se prononce "Beurk". Mais pas en France, bien sûr, pays des Arts et des Lettres, du respect des traditions étrangères et du Festival de Cannes. Beurk est appréciée dans un tel pays: elle a un accent de brin de son île de brin, de poussières et de moutons, et elle porte bien le déguisement néo-hippie chic avant que le concept existe lunettes carrées de faux-prolo fichu sur la tête comme ma grand-mère en 62.
Beurk, elle est triste parce que la vie est injuste et que son fils est malade et qu'elle, elle va bientôt plus rien voir -déjà qu'elle aille chez un opticien correct acheter une monture correcte. Hélas, les spectateurs ont des yeux pour voir, eux -enfin, pas tous on dirait, et puis voir est un bien grand mot, on devine ce qui se passe, en effet le gars derrière la caméra avait omis de prendre ses cachets contre la tremblote. Mais le jury de l'éminent Festival de Cannes a vu clair, lui: il lui a attribué la Palme d'Or.
Stop, on s'arrête là: le film donne mal à la tête tellement ça bouge, l'autre en fichu de mamie nous joue sa sérénade en toc (genre, c'est une émigrée tchèque aux Etats-Unis) sur fond de musique Télérama "vas-y plus fort dans le mix les violons qui font pleurer", et ça, ça a la Palme d'Or ?
Lars von Trier, tu as cassé le cinéma. Avec ta caméra sur l'épaule, t'as cru que tu renouvelais quelque chose ? Pourtant, je t'aimais bien avant. Les Idiots, j'avais trouvé ça subversif, allez, vive les gogoles ! Mais là, nan, t'as tout pété Lars, t'as pété la pellicule (c'était bien la pellicule) avec ta put*** de me*** de caméra numérique ultra-légère ; t'as pété la comédie musicale -Jacques Demy représente- ; t'as pété la musique indé des 90's -allez, les Sugarcubes c'était pas trop pourri- ; t'as pété le protestantisme nord-européen -co-production danoise, hollandaise, suédoise, finlandaise, islandaise, allemande, française, américaine, britannique et norvégienne, LOL. Lars, en un mot comme en mille: t'as pété le cinéma. Lars, droit dans les yeux, je te le dis, ton cinéma, c'est de la merde. LE cinéma, c'est de la merde.
Plus jamais de cinéma il n'y aura. Il y a avant et après Dancer in the dark. On lira dans les livres d'Histoire: "Le cinéma est un art né au début du XXe siècle et mort tragiquement à l'aube du siècle suivant -plus exactement le 18 octobre 2000 date de sortie d'une super-production scandinave de type comédie musicale avec une chanteuse hystérique comme personnage principal et un réalisateur pathétique aux commandes".
Si j'avais su que c'était à ce point historique, je serais resté éveillé, mais personne n'a rien dit. On était en automne, il n'y avait que trois personnes dans la salle, et je me suis endormi. Je n'ai que de vagues souvenirs de wagons désaffectés et des gens qui en sortent en dansant et l'autre qui chante ses baragouinages d'Islandaise hirsute. Alors que sous bien des aspects, ce film est historique ; et un film historique, ça se respecte. Mais non. Jamais. Plus jamais je n'aurai la force de regarder un tel navet. Que l'on me strie les veines de l'avant-bras avec une petite cuillère rouillée aiguisée comme une lame plutôt que l'on me force à regarder à nouveau une seconde de ce long-métrage lourdingue, prétentieux et gnan-gnan parce que -déjà avant, un peu, mais depuis c'est systématique- le cinéma, c'est de la merde.