Dilili à Paris par Christine Deschamps

C'est essentiellement l'intérêt graphique qui me fait regarder des dessins animés à mon âge vénérable, et je fais souvent des découvertes stimulantes en accordant de l'attention au travail des artistes de l'animation. C'est le cas ici : les déambulations cyclopédiques des protagonistes dans un Paris de carte postale, littéralement, sont du plus bel effet, et les crépuscules sur les monuments parisiens laissent rêveur. On connaît la légère raideur des personnages de Michel Ocelot, il n'y avait rien là pour surprendre, et on oublie vite cette limite volontaire pour se laisser entrainer dans un périple plaisant d'une personnalité saillante de la Belle Epoque à l'autre : Satie, Curie, Sarah Bernhardt, Colette, la liste serait longue et on s'amuse à reconnaître ces éminences françaises (ou presque) avant que leur nom ne soit prononcé à l'écran. Cela dit, je m'imagine que ces devinettes ne sont à la portée que des adultes, car je vois mal comment les enfants pourraient avoir dans l’œil les physionomies de tous ces personnages illustres. Et, si d'aventure un enfant regardait le film sans accompagnement parental, j'imagine mal qu'il pourrait vraiment tirer bénéfice de ce catalogue un peu gratuit. Car l'intrigue principale (l'enlèvement de petites filles) n'est en fait qu'un prétexte à se plonger dans le fourmillement intellectuel et artistique du début du siècle dernier, de façon apparemment déconnectée de toute nécessité. C'est déraisonnable mais plaisant quand même. Ce qui l'est moins, c'est l'enquête policière au sujet des disparitions inquiétantes des petites filles... un sujet anxiogène complètement dépouillé de son côté inquiétant par la progression miraculeuse de l'enquête, dépourvue de toute logique et fondée sur des indices fourrés artificiellement dans le scénario sans aucune subtilité. On rebondit donc de lieu en lieu, à la faveur de ces rencontres prestigieuses que j'évoquais au début, jusqu'au dénouement heureux, était-il besoin de le préciser, avec l'impression que l'histoire serpente à l'aveuglette et se disperse sans souci de cohérence. Sans compter la morale plombante (même pour une féministe bêlante de mon espèce) assénée doctement, sans second degré ni souci de légèreté. Bref, ma motivation première était l'unique susceptible de motiver un visionnage, et je crois qu'il ne faut guère en demander plus mais pas non plus se priver de cette jolie balade dans notre histoire...