Je ne me suis pas fait d'amis en affirmant ceci, mais je considère que ce film est d'assez loin le meilleur de la Trilogie des Dollars, comme ils disent (ou de l'Homme sans Nom, suivant les écoles).


Sur le site, les dithyrambes chantés au néanmoins excellent Le Bon, la Brute et le Truand m'ont toujours un peu agacé, dans la mesure où, s'il dispose probablement des plus belles scènes filmées par Leone, il en reste pas moins imparfait, sclérosé par un rythme parfois bancal, avec quelques scènes indigestes (le passage de la guerre de Sécession péchant tant par maladresse que par son thème musical faussement solennel). Mais visiblement, on ne touche pas à BBT sur SensCritique, il faut croire.


Donc oui, Et pour quelques dollars de plus enterre sans vergogne son prédécesseur (le déjà très bon Pour une poignée de Dollars), assurant avec Gian Maria Volonte l'un des antagonistes les plus glaçants de la filmographie de Leone, d'une cruauté à faire pâlir l'intégralité des méchants du western spaghetti. En un regard, tout est dit.
Et ne serait-ce que pour ce sadique à la fois complexe et archétypal, animé par une folie le rendant réellement dangereux, créant une tension plus que palpable, Et Pour Quelques Dollars de Plus mérite sa place dans le panthéon des Grands Westerns.


N'oublions pas l'affiche partagée entre un Eastwood au sommet et un Lee Van Cleef utilisé à contre-gueule, n'incarnant pas un Salopard mais un homme dur avec une mission vengeresse chevillée au coeur, offrant un duel où l'espace est gérée avec la classe d'un Argento période Profondo Rosso.


Haletant, tendu, beau, cruel, sombre, ce second volet de la vraie-fausse trilogie se hausse au faîte de la perfection formelle et rythmique, là où sa suite sera certes plus audacieuse, mais souffrira des défauts sus-mentionnés.


Ici, le film est maîtrisé du début à la fin, et ne manque à la recette pour atteindre le sommet qu'un thème plus accrocheur que celui qui jalonne le film.
En effet, si l'idée de la boite à musique est bonne, et les variations sur thème imposé un exercice où excelle le génial artisan Morricone, le thème de base est peu inspiré/inspirant, et de fait ne porte jamais les scènes suffisamment loin en terme de souffle épique, là où une musique comme Sad Hill dans BBT magnifie une scène audacieuse et parfaite.


La synergie ne prend donc qu'à moitié, et c'est dommage, car l'intensité générale en prend un coup. Le film n'en reste pas moins excellent, et parmi les perles du genre et du réalisateur, longtemps avant qu'il ne se perde dans son egotrip qui lui coûtera beaucoup artistiquement.


Leone au sommet de son art, c'est ici que ça se passe!

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le 8 déc. 2016

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toma Uberwenig

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