Ce n'est pas le premier film d'Almodovar mais c'est certainement celui qui l'a consacré. Femmes au bord de la crise de nerfs est un témoignage à part entière de la façon de filmer du cinéaste, du rythme de sa dramaturgie et de la façon où l'outrancier n'est justement pas gratuit. Ce qui plaît, c'est que ce film paraît être du théâtre filmé auquel on a donné du peps grâce à l'énergie du jeu où des jeux de cadre. Ensuite, la première femme au bord de la crise de nerfs, Pepa ( immense Carmen Maura), absorbe malgré elle les autres hystéries chroniques ou au long cours d'autres protagonistes féminines ( surtout Calenda et la femme d'Ivan). Le spectateur constate cette contagion généralisée de galères avec amusement tout en constatant la difficulté d'imbriquer les histoires pour que le film déroule et garde une cohérence malgré toutes les fantaisies rencontrées en chemin. Et Pedro Almodovar excelle dans cette partition à équilibre instable où il n'épargne personne. Ivan est volage, Pepa défonce son téléphone ou prépare un gaspacho frelaté et finalement décompense pour ne pas se laisser dévorer par l'absurdité du réel, Calenda n'ayant aucun contrôle sur ses affects . Femmes au bord de la crise de nerfs assume cependant sa démence, son outrance et il est aussi intéressant de voir comment Almodovar termine son film.Comme si tout s'arrêtait là pendant que Carmen Maura et Rossy de Palma continuent à discuter et Dieu sait ce qu'elles peuvent bien se raconter car il y a encore beaucoup de monde dans le salon de Pepa.
Pour connaître la patte d'Almodovar plus proche que jamais de la Movida (état d'esprit artistique tellement ibère) , Femmes au bord de la crise de nerfs est un passage incontournable. C'est aussi celui qui mesure le chemin parcouru depuis la décennie 2000-2010 où Almodovar s'est vraiment assagi pour un cinéma où la déclinaison de la féminité ne s'est pourtant pas tarie. Un exploit,non. De la ressource et du talent, complètement!

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le 22 mai 2017

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