Le jour où l'homme contrôlera le temps

Tiens donc, on dirait du Emmerich mais c'est pas Emmerich qui réalise. Ha mais voilà : c'est son scénariste qui a décidé de s'émanciper de son allemand. C'est ptet pas plus mal car ces derniers temps Emmerich semble un peu largué en terme de film catastrophe !


Ce récit est incroyablement dense ! Y a le côté catastrophe, mais y a aussi un côté science-fiction (on est dans un futur proche, on contrôle le temps via une base spatiale), y a également une enquête et enfin un drame familial. C'est très riche. Peut-être un peu trop ? En même temps on ne se sent pas pressé par le temps et l'intrigue n'est pas trop longue (purée, un blockbuster qui dure moins de 2 heures, on croirait rêver). N'empêche que les auteurs oublient certains détails (apparemment il y a eu réécriture et re-tournage après un premier montage pas très emballant et une première affiche rappelant les séries B fin 80 - début 90), ce qui rend la moitié du film incohérent ou illogique.


Mais ça se regarde. C'est dynamique. Chaque scène paraît utile. Les personnages sont chouettes, dommage qu'ils ne soient pas plus approfondis (surtout les secondaires). La tension familiale est sympa : pour une fois il ne s'agit pas de former un couple mais de réunir deux frères, je trouve ça assez touchant. Y a pas mal de choses qui marquent bien notre époque, ce qui est sympa je trouve : le côté écolo, évidemment, la femme bad-ass, l'intelligence du chinois. C'est assez malin en somme. Juste dommage que les raccordements soient parfois un peu foireux. Mais comme je l'ai écrit en début de paragraphe, ça se regarde, les scènes fonctionnent, le spectacle est donné.


De plus, les scènes catastrophes sont amenées avec un sens du crescendo : c'est-à-dire qu'on ne se tape pas des scènes de destructions trop souvent et qu'elles ne sont pas gigantesques dès le début. En dosant de la sorte, l'auteur crée un intérêt à rester jusqu'au bout. Malheureusement, ces scènes ne sont pas assez originales ; on retiendra quelques détails amusants mais c'est trop peu inspiré au final.


J'ai apprécié le délire assumé. Les couillons qui ne comprennent pas qu'un film n'est pas la réalité tiqueront sur la course contre le froid (je l'avais fait à la sortie de "The day after tomorrow", je me suis depuis ravisé sur cette scène), l’œuf au plat alors que rien d'autre ne semble chauffer avant ça, les méga explosions dans l'espace ainsi que la présence du son. Et plein d'autres choses totalement irréalistes. Mais c'est fun, c'est assumé. L'important, c'est que ce soit divertissant et puis ça n'empêche pas d'offrir un bon p'tit message bien positif.


La mise en scène est sympa. Sur SC, les gens encensent les premiers films de jeunes réalisateurs. C'est vrai que Dean est un vétéran dans le sens où il côtoie Emmerich et Hollywood depuis de nombreuses années. Mais c'est la première fois qu'il réalise vraiment un film (même si ici, il a fallut retourner pas mal de scènes ... sans lui) et je trouve qu'il s'en sort bien : le découpage est parfois impertinent mais globalement il parvient à placer la caméra au bon endroit (la scène de domino est bien trouvée), c'est globalement lisible et enfin la caméra est posée (pas de shaky-cam ni de surdécoupage épileptique).


Ce sont surtout les scènes CGI qui sont les moins lisibles et les moins agréables à regarder. Pas toutes, certaines sont sympas avec des effets de qualité, mais d'autres sont très moches et l'action devient un peu brouillon. Heureusement, comme il n'y a pas une débauche d'effets de ce genre, ça ne gêne pas trop. Et puis l'humain parvient à émerger de ce tourbillon de catastrophes numériques.


Les acteurs ont l'air d'être là pour s'amuser, personne ne semble prendre son rôle très au sérieux. N'empêche que Sturges parvient à lâcher quelques larmes pour son frère retrouvé, Butler a la classe comme il ne l'a plus eu depuis longtemps, la blondinette est bien bad-ass. Andy est un peu coincé en tant que président et Ed Harris a l'air d'être en vacances.


Bref, je me suis pas emmerdé, j'ai même été captivé tout du long. Mais les nombreux petits problèmes narratifs (en fait, c'est juste pas cohérent d'avoir engagé les deux frangins, c'étaient les seules personnes à pouvoir trouver la solution, pourquoi le méchant a fait ça, comment a-t-il pu croire qu'ils allaient bien merder ?) ainsi que le fait que les catastrophes ne soient pas assez mémorables amoindrissent l'enthousiasme du spectateur. Dommage. Mais bon, c'était chouette quand même.

Fatpooper
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le 3 janv. 2018

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