Étrange film de Jim Jarmusch qui se démarque du reste de sa filmographie, surtout sur la forme.


Le traitement somme toute classique du film noir donne un récit linéaire aisément accessible, dont on connaît l'issue par avance car tant de fois abordée par le passé. Pourtant, le style aérien, à la poésie mélancolique et à l'humour décalé de Jarmusch ne laisse aucun doute sur l'identité de son auteur.


L'œuvre est charmante. Certes, il n’y guère de surprise mais cela n’a strictement aucune importance, le film noir évoluant toujours sur un canevas à peu près identique, l'éternel échec, la sempiternelle chute du héros maudit et flamboyant dans une sorte d'élan romantique du malheur. Ghost dog (Forest Whitaker) évolue avec une espèce d’aura magique qu’il emprunte à la mythologie samouraï. La délicatesse dont il fait preuve en contraste avec la brutalité de la mafia locale pour le moins rustaude élève le personnage et par conséquent tout le film.


Jarmusch y ajoute des personnages plus légers, dans un quotidien parallèle, totalement baignés de poésie, de simple beauté.


Cela forme un film en même temps très stylisé, racé, en droite ligne avec l'esthétique propre au polar mais parsemé de moments lumineux, comme autant de corolles de fleurs qui s'ouvrent au soleil. Chaud et froid plein de justesse et qui donne un film agréable à suivre, dans l'action comme dans la contemplation.


Pour qui voudrait découvrir Jarmusch en douceur, ce petit film peut constituer une délicieuse porte d'entrée.


Captures et trombinoscope

Alligator
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le 25 juil. 2017

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