Home cheat home
De temps à autre, je retente une incursion du côté du cinéma d’horreur, dans lequel je loupe sûrement pas mal de choses depuis des années ; et force est de constater que de cette pléthorique...
le 20 oct. 2018
89 j'aime
11
Pullulent un peu partout des critiques si élogieuses au sujet d’Hérédité qu’elles n’hésitent pas à le comparer à L’Exorciste de Friedkin, d’en faire la nouvelle référence d’un cinéma d’horreur soi-disant en pleine résurrection. C’est ou attester une amnésie critique puisqu’il s’agit de passer sous silence plusieurs décennies aux influences bien réelles, ou n’y rien connaître en cinéma d’épouvante. Le film d'Ari Aster n’invente rien, recycle des environnements, des textures, des angoisses qu’il réorganise de la même manière qu’Annie Graham élabore ses maisons de poupées. Et l’entièreté de son long, très long, trop long-métrage suit le principe du soufflé en cuisine : on laisse gonfler par la chaleur étouffante de la cuisson, jusqu’à ce qu’un couteau vienne, en perçant l’un de ses flancs, rétablir la juste proportion de son ensemble. Pas de chance ici, le climat de terreur de prend jamais d’ampleur, peine à quitter le formalisme de sa mise en scène, aussi chichiteuse qu’épuisante. À tout esthétiser, meurt l’esthétique, s’amoindrit son impact. La musique, composée de petits crescendos réglés sur mode automatique, ajoute le sel qui ne naît jamais à l’image. Entre la virtuosité numérique d’un James Wan et le climat poisseux d’un Scott Derrickson, entre la banalité quotidienne du Mal digne de John Carpenter et les séquences de panique figée de David Robert Mitchell, Hérédité avance ankylosé, dans un reniement total de ses références, de son hérédité, en somme. Si peu pour un film si long. Si verbeux pour une peur tant atrophiée. Si sophistiqué pour, finalement, n’aboutir qu’à une œuvre passable. On ne retiendra qu'un certain sens de la radicalité qui engendre des scènes assez brutales (voir à ce titre l'accident de voiture) et donc marquantes pour le spectateur.
Créée
le 23 août 2019
Critique lue 1.3K fois
7 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Hérédité
De temps à autre, je retente une incursion du côté du cinéma d’horreur, dans lequel je loupe sûrement pas mal de choses depuis des années ; et force est de constater que de cette pléthorique...
le 20 oct. 2018
89 j'aime
11
Le cinéma fantastique semble être devenu depuis quelques années le terrain d'expérimentation de jeunes metteurs en scène ambitieux, qui aspirent à conjuguer une vraie intelligence de la mise en scène...
Par
le 24 juin 2018
80 j'aime
14
A l'image des deux superbes plans qui ouvrent et clôturent le film, Hérédité joue avec différents niveaux de réalité. Au début nous sommes en terrain rassurant : une belle maison, une petite...
Par
le 13 juin 2018
43 j'aime
11
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
122 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
86 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
77 j'aime
14