High five!

Pour un 5ème volet (mais peut-on vraiment prendre en compte le 4ème ?), ce « Jason Bourne » est étonnement de bonne facture. Même s’il y a plusieurs exemples maintenant où les suites de ce numéro peuvent être de qualité, sinon du niveau des premiers, meilleure que les précédents (fast and furious 5, destination finale 5…).

Mouvements de caméra rapide, plongée et contre-plongée, alternance de plusieurs angles… la caméra est embarquée dans l’action et le spectateur avec. Le rythme est nerveux et intense. Ce qui donne droit à des scènes assez scotchantes, comme cette course-poursuite en plein cœur d’une émeute à Athènes. En contrepartie, ce style de montage n’est pas toujours très lisible, ni même agréable lorsque l’action dure un peu, alors que la mode actuel est justement plutôt un retour à une mise en scène fluide et lisible. Si les scènes sont globalement réalistes, le film tombe parfois dans la surenchère, comme la course-poursuite avec le tank casse-partout.

Ce montage nerveux qui redynamisait le genre, en prouvant que l’on peut faire un film d’action autrement qu’en accumulant maladroitement explosions, courses-poursuites et fusillades sur fond de musique forte, n’était pas la seule force de cette saga. « Jason Bourne » se caractérisait également par des histoires d’espionnage qui pouvaient être assez complexes.
Pour ce dernier volet, ce n’est pas que le scénario soit insuffisant, mais difficile de ne pas ressentir une impression de déjà-vu par rapport aux précédents. Jason Bourne se retrouve une nouvelle fois face à un méchant agent de la CIA impitoyable qui tente de mettre sur pied plusieurs programmes extrêmes, en-dehors des lois et de la moral, au nom de la sacro-sainte sécurité. De nouveaux mystères sur son passé apparaissent et il va chercher des réponses, tout en s’opposant aux sombres plans de ses anciens employeurs. Il est aidé dans sa tâche par une jeune agent de la CIA qui désapprouve les stratégie de ses supérieurs. Une intrigue qui ressemble beaucoup à « la vengeance dans la peau » (3ème volet).
« Jason Bourne » surfe donc sur les peurs des technologies de surveillance, exacerbée par les révélations de Snowden, et des besoins de sécurité toujours plus forts face aux nouvelles menaces terroristes. Mais la représentation manque un peu de subtilité, à croire que la CIA n’est rempli que de méchants tueurs et d’odieux dirigeants qui cherchent à mettre en place des programmes de développement de nouveaux tueurs toujours plus redoutables, ou de programmes de surveillance bafouant les libertés individuelles.

Côté acteurs, Matt Damon assure le minimum sans vraiment briller. Pour sa défense le rôle ne permettait pas vraiment un bon développement, l’action étant d’avantage mise en avant. C’est un ancien soldat qui se cherche, entre quête personnelle, désir de liberté ainsi que ce qui reste de son conditionnement, le besoin d’avoir une mission, sans oublier la loyauté envers son pays, sans en approuver tous les actes. Il aurait aimé rester dans l’ombre, mais son passé et le reste du monde en ont décidé autrement.

Tommy Lee Jones assure en agent impitoyable et s’étant débarrassé de remords depuis longtemps, le visage ridé, lançant des ordres d’exécution sans sourciller. Alicia Vikander incarne efficacement une jeune agent déterminée, capable d’empathie et de compassion, mais également de manipulation. Une alliée de poids dans la lutte de Matt Damon, mais peut-être pas digne de confiance pour autant. Enfin, Vincent Cassel excelle en tueur implacable, semant la mort sans même regarder ses victimes.

Un très bon divertissement en somme, mais sans être novateur. Mais pouvait-on espérer d’avantage d’une énième suite ?