Un bon film, c’est d’abord un bon scénario et de bons acteurs, en l'occurrence de bonnes actrices, avec un trio de stars qui semblent se délecter dans leurs rôles tout sauf convenables. Alors qu’importe la mise en scène surchargée du controversé Yorgos Lanthimos qui abuse d’effets inutiles (surimpressions, ralentis, déformations optiques) pour tenter de donner à son oeuvre un vernis de chef-d’oeuvre, La favorite est un plaisant divertissement, un pastiche cru et cynique des films en costumes à l’anglaise, à défaut d’une réflexion très profonde sur les rapports entre sexe et pouvoir. Le scénario prend largement ses aises avec la réalité historique mais aussi avec sa propre logique interne: même si l’on accepte le fait que la vertueuse et très religieuse reine Anne ait eu des pulsions lesbiennes, on la voit mal entretenir une relation sexuelle de quelque ordre dans l’état de délabrement physique où on nous la présente. Reste que ce chassé-croisé amoureux et politique à travers les sombres couloirs de la résidence royale exerce une fascination certaine par son humour morbide d’une redoutable perversité et son ambiance décadente, soulignée, voire surlignée, par une utilisation très originale de musiques d’époque déstructurées.