Première adaptation par Akira Kurosawa d'une œuvre de Shakespeare, Le Château de l'araignée marque par le fascinant mélange de l'imaginaire européen et de la culture nippone. Si le récit se déroule pendant les guerres civiles japonaises au XVIème siècle, ce sont bien des thèmes universels qui sont abordés.


Visuellement, le film trouble par le mélange qu'il nous propose. Le jeu des acteurs s'inspire très clairement du théâtre Nô mais l'usage intensif de la brume et les choix de mise en scène des apparitions dans la forêt de l'araignée rappellent davantage les codes du cinéma européen.


Sur le fond, si Akira Kurosawa propose une adaptation fidèle de Macbeth, se contentant de supprimer quelques personnages et limitant le plus possible les dialogues, le réalisateur ajoute une dimension humaniste dans son film. Finalement, c'est un récit tragique qui se déroule sous nos yeux mais de ce drame ressort une morale d'inspiration bouddhiste.


Comme dans presque l'intégralité des films du réalisateur, c'est une leçon d'humilité qui est délivrée. Ici, c'est l'obsession de Washizu (interprété par un très grand Toshiro Mifune) fortement influencé par sa femme aveuglée par l'attrait du pouvoir qui va conduire le commandant du château à commettre une suite d'erreurs qui le mèneront inévitablement à sa perte.


En plus d'offrir des scènes particulièrement marquantes (celles de mise à mort notamment), Le Château de l'araignée revêt une ambiance fantastique largement appréciable. L'onirisme omniprésent à l'écran fait écho au délire dans lequel vivent Washizu et son épouse. On retrouve également la question de la transmission de l'héritage familial puisque c'est justement l'échec de la préparation de la succession qui va entraîner la chute du commandant du château.


A l'époque de sa sortie, le film a été assez mal accueilli par la critique qui a considéré que les choix artistiques étaient trop "grand-guignolesques". Finalement, c'est avec des décors assez semblables qu'Akira Kurosawa réalisera des années plus tard d'autres chefs d'œuvres comme Ran ou encore Kagemusha, pour notre plus grand bonheur.

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le 10 avr. 2016

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Kevin R

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