Le pigeon maltais

Avant que Michel Hazanavicius ne dépoussière OSS 117 en y insufflant un air de parodie, il y a eu "Le Magnifique", film dans lequel de Broca et son acolyte Belmondo prennent le genre action/espionnage en autodérision.

En parcourant la trivia du film (sur IMDb) j'apprends qu'à la base, c'est Francis Veber qui a écrit le scénario, sauf que le réalisateur a modifié certains éléments (il a notamment diminué l'importance de Christine) ce pour quoi le scénariste a demandé à ce que son nom n'apparaisse pas dans le générique.

L'humour fonctionne très bien, d'ailleurs on rit beaucoup durant tout le film. L'histoire regorge de petits détails surréalistes, les dialogues sont riches en double sens, les situations cocasses. Seul bémol, il manque clairement des conflits importants. Le rapport fiction/réalité est un concept alléchant et bien traîté (renforcé par le montage en plus) mais au final l'objectif et les enjeux paraissent dérisoires. Même l'histoire d'amour ne convainc pas vraiment.

La mise en scène est 'drôle'. Je ne savais pas à quoi m'attendre au départ, en lançant le film dont je ne connaissais que la tête d'affiche, les premiers plans m'ont donc paru un peu maladroits et kitschs ; après avoir saisi l'idée de second degré, la mise en scène m'a alors paru adéquate, quoique parfois encore légèrement maladroite. Il n'empêche que le film est rythmé et servi par de bons acteurs : un Belmondo toujours sublime, qui n'a pas peur de se moquer de lui-même, et une Jacqueline Bisset qui suit (sa présence se justifie plus par sa plastique que par son jeu). Après y a des participations amicales très sympas, notamment un Jean Lefebvre inoubliable en électricien qui se voit mis à mort avec beaucoup de sang. Enfin, il y a un montage très efficace en terme de rythme mais également en terme d'expérimentation. De Broca ne s'éloigne pas tellement de la nouvelle vague finalement avec un film aussi anti-film.

Bref, Le Magnifique est une très bonne comédie, mais qui manque d'un objectif et d'enjeux de taille pour rendre l'oeuvre réellement passionnante.