En ce jour où Belmondo nous a quitté, les télévisions se sont battues pour lui rendre hommage. Je me suis demandé quel film diffusé pouvait le mieux évoquer ce qu'il représentait dans le cinéma français et c'est celui de Philippe de Broca, Le Magnifique qui m'est venu spontanément à l'esprit dans les choix du jour.
C'est en effet celui où il montre l'ampleur de sa palette de comédien , ce qui n'a pas toujours été le cas dans les divers films policiers qui n'ont existé que par sa présence.
Dans ce film , dont le titre à lui seul représente si bien Bébel, François Merlin enchante ses lecteurs en écrivant des romans policiers bas de gamme en espérant écrire un jour une grande œuvre mais il faut bien payer les factures.
Le héros de ses romans se nomme Bob Saint Clar (et oui, c'est le pseudonyme qui inspirera le DJ Bob Sinclar), une sorte de mélange de James Bond et d'OSS 117 (celui des romans), séducteur combattant le crime avec une efficacité irréaliste au possible. Et comme la plupart des écrivains, il s'inspire de son entourage, Saint Clar étant ce qu'il rêverait d'être, Belmondo joue les deux rôles, un héros quasiment parfait et un pauvre type amoureux de sa voisine trop bien pour lui. C'était donc le rôle idéal pour comprendre ce qu'était Bébel, capable de jouer divers registres avec la même facilité dans cette mise en abyme qui interroge la création et ses dérives.
Bob Saint Clar plait au public mais François Merlin le déteste. Son roman en cours va donc évoluer en fonction de son humeur du moment, ceux qui contrarient Merlin se retrouveront malmenés dans le récit de manière souvent grand guignolesque (ce qui explique sans doute l'interdiction aux moins de 10 ans) avec des scènes presque gore et un peu discutables. J'avoue avoir beaucoup ri du sort réservé au tandem plombier/électricien dont l'origine est une double scène de refus que plusieurs d'entre nous ont probablement déjà vécu.
Le plombier qui refuse de réparer la salle de bain avant l'électricien qui lui-même refuse de travailler avant le plombier
Les autres comédiens sont bons (Jacqueline Bisset, Jean Lefèvre, Monique Tarbès surtout), la mise en scène est suffisamment nerveuse pour conserve l'intérêt, la musique est bien choisie, en clair, le divertissement est réussi.
Mais si la conclusion est un peu trop romantique, l'ensemble reste très intéressant pour qui veut savoir qui était Belmondo, acteur protéiforme souvent sous utilisé mais à l'aise dans tellement de registres (sans parler des cascades qu'il faisait lui-même) qu'il restera dans la légende du cinéma français pour l'éternité. RIP Bébel.