Les Figures de l'ombre par Christine Deschamps

Dommage que le titre français ait dû escamoter le jeu de mots original. Mais bon, au moins, il y a eu traduction, c'est si peu souvent le cas que ça fait l'effet d'avoir trouvé une fève dans une galette de deux kilomètres carrés. Je finis ce film deux jours après l'insipide Green Book, qui lui est un peu ce que Harry Potter serait à Dune . Il soutient amplement la comparaison, étant donné qu'il aborde un thème un peu similaire, à peu près à la même époque, que sa photo est tout aussi soignée et que l'humour y est également présent. Sauf qu'il m'a fait l'effet d'être abouti là où l'autre film peinait à faire tenir debout une narration ivre morte. C'est peut-être dû à la personnalité très attachante de ces femmes surdouées et sous-estimées par un système ultra machiste. Encore que le pianiste finement éduqué et homosexuel n'ait rien à leur envier en matière de sous-représentation sociale. Il manquait peut-être à Green Book la geste planétaire de la course à l'espace, ou les détails triviaux des toilettes à 800 mètres du lieu de travail, ou la fantaisie de ces femmes opprimées à l'optimisme en titane... Toujours est-il que j'ai suivi avec davantage d'empathie leur chemin de croix, sans la distraction d'un blanc cabotin qui tire un peu la couverture à lui, puisque Kevin Costner est encore une fois impeccable de sobriété. En résumé, un bon petit film dopé aux valeurs humanistes et doublé d'un hymne à la science de très bon aloi, en plus de porté par un casting de grande classe. Évidemment, tout y est un peu convenu, mais on en sort ravigoté et avec le sentiment d'avoir contribué à emmerder Trump et les suprémacistes de tout crin à son échelle microscopique, pourquoi se priver ?