Séduit par une bande annonce alléchante et relativement confiant en la qualité d'un film réalisé par Park Chan-wook, c'est avec grande déception que je sentais les semaines passer sans avoir l'occasion de voir « Mademoiselle » au cinéma. Finalement, alors que les séances se font plus rares, j'ai pu dédier une soirée à ce film... probablement in extremis.
Je m'attendais à une claque et, bien qu'il s'agisse indéniablement d'un très bon film, je n'ai pas eu a tendre l'autre joue tant la claque fut mollassonne.
La photographie, les plans, la gestion des couleurs et des lumières, le jeu des acteurs... strictement rien à redire de ce point de vue. La dominante verte et les tons pâles créent une ambiance malsaine tout en donnant un sentiment de flottement dérangeant, alternant les moments plus légers où on se dit – du moins dans la première partie – que tout cela ne finira peut-être pas si mal, et la pesanteur savamment dosée de certaines scènes. Les acteurs sont très justes et l'évolution des personnage, relativement complexe dans un constant jeux de dupes, est dès lors très crédible, si bien qu'aucun retournement de situation ne semble forcé.
Néanmoins, si le scénario est limpide et réserve son lot de (véritables) surprises, difficile de ne pas ressentir une certaine gène face à l'artificialité du suspens qui est maintenu entre les deux premières parties du film. En effet, il est facile de duper le spectateur en coupant des scènes et en distillant leur contenu entre deux parties supposées donner le point de vue des deux principales protagonistes. Il ne s'agit pas nécessairement de révéler ce que l'une sait et que l'autre ignore, mais de nous cacher certains aspects de leur vécu commun pour créer la surprise... une technique scénaristique finalement un peu lâche.
Enfin, Park Chan-wook n'est malheureusement pas parvenu à s'empêcher de nous montrer ce qu'il aurait mieux fait de nous cacher. Le fameux « sous-sol » de l'oncle pervers ? Ne vous en faites pas, vous le verrez et s'y trouvera très précisément ce que vous avez pu imaginer (ce qui est assez décevant...). La conclusion du film, quant à elle, est très décevante puisque le réalisateur se sent obligé de torturer un de ses personnage sans que cela n'apporte quoi que ce soit. De même, l'éroto-pornographisme du film (pas franchement porno, mais un peu trop appuyé pour être simplement érotique) est d'autant plus décevant que le début s'annonce davantage « sensuel ». La dernière scène achèvera le film dans une surenchère inutile de sexualité.
Pour résumer, un excellent film plombé par les travers d'un Park Chan-wook oscillant entre la véritable création d'atmosphères sensuelles et la lourdeur démonstrative, le tout avec un tour de passe-passe scénaristique qui n'enlève rien à la qualité de l'histoire, mais laisse le sentiment de s'être un peu fait rouler dans la farine.