Enième film pantouflard de Woody (que j'apprécie toujours un peu malgré ses tics et ses redondances névropathes).
Toujours la même poésie de bazar nihilisticoromantique :

On va tous crever, alors profitez des rares instants de magie qui vous seront offerts dans la vie, ils sont d'autant plus beaux qu'ils sont éphémères (il a raison).
Pour cela, n'hésitez pas à sortir avec une jeunette dont vous pourriez tout à fait être le grand-père (c'est plus discutable).

Toujours les mêmes effets, les mêmes circonvolutions verbales (dire le contraire de ce que l'on pense vraiment, pour finir par admettre malgré soi que l'on est en train de tomber amoureux, avec des dialogues parfois interminables et donc un peu ennuyeux).

Une scène de refuge dans un observatoire, traitée par-dessus la jambe, qui rappelle inévitablement "Manhattan".
Une tempête balaye la cambrousse française, Firth et Emma vont se réfugier à l'abri dans ce lieu monumental perdu au milieu de nulle part, quand Woody et Diane, eux se cachaient dans un musée sans électricité...
Un clair de lune apparaît, tout cela est mignon, mais aussi honteusement sous-exploité.
Plans ultra ressérés sur les personnages, mise en scène minimaliste au possible, rien pour profiter de l'ambiance, du décor, rien pour aiguiser la tension, faire vivre un peu ces personnages.

Tout est un peu mou, éteint, morne, et franchement flemmard.
Les personnages manquent cruellement de relief et se contentent de répéter inlassablement les slogans du réalisateur :

Firth : Je suis rationnel ! Je suis rationnel ! JE SUIS RATIONNEL !
Stone : Je ressens des vibrations ! Je ressens des vibrations ! JE RESSENS DES VIBRATIONS !

La photo de Khondji pique un peu les yeux.
95% des merveilleux ciels du midi qu'il filme, sont complètement cramés, ce qui est la preuve d'un épouvantable mauvais goût.

Oui mais...
Il reste une magnifique scène de bal nocturne, où le sublime côtoie la plus parfaite muflerie.
Une de ces scènes de séduction vachardes et enthousiasmantes comme on n'en fait plus. Où Firth joue à merveille de son dédain, pour faire mine de ne pas se désarmer face au physique lémurien de Stone (vous avez vu la dimension improbable de ces yeux ?). Et l'un des rares échanges savoureux du film, à l'écart de la soirée, loin des convives, dans un bosquet isolé, la magie enfin, peut subrepticement apparaître.

Trop peu pour se satisfaire complètement d'un gentil théâtre filmé qui radote pas mal.
KingRabbit
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le 27 oct. 2014

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KingRabbit

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