Après Aurore, Marie-Francine explore la crise de la cinquantaine mais sur un ton résolument différent. L'optique de Valérie Lemercier, ce n'est pas seulement la position de son personnage à sa féminité ( son mari la remplaçant du jour au lendemain par une jeune trentenaire) mais son malheur de tout perdre rapidement (son boulot de chercheuse, son appartement, ses deux filles sous le même toit). Comment ne peut accuser le coup quand la cerise sur le gâteau est le retour chez des parents ? La situation prétexte à comédie n'est pas si simple. La force de Marie-Francine, c'est d'avoir du vécu et de remettre ses géniteurs en place quand il le faut mais de tomber aussi sur Miguel. A ce moment, la galère est sublimée par la rencontre de ces deux-là dont les parcours de vie sont proches. Un genre de magie propre aux comédies romantiques que Valérie Lemercier s'autorise à utiliser en ne rêvant pas trop quand même. En faisant de Miguel un prince pas si charmant, en décrivant une rencontre où tout ne roule pas sur des roulettes (scène à la fois cruelle et savoureuse chez les parents de Marie-Francine) et en montrant surtout que les gens délivrent des facettes d'eux-même en fonction de leur attachement ou de leurs affects, l'actrice-réalisatrice a une tonalité juste. Ni trop corrosive, ni trop mielleuse, balançant deux-trois répliques bien senties entre certains protagonistes. C'est du Lemercier pûre souche avec des cascades de ressentis, des points de vue différents mais toujours précis. C'est là que le spectateur,s'il y prend garde, peut apprécier une qualité d'écriture, une mise en scène pensée mais aussi une habile façon de faire venir des acteurs d'horizons différents. Voir Denis Podalydes, Pierre Vernier, Hélène Vincent, Patrick Timsit dans le même film en dit long sur la volonté de mélanger les jeux pour obtenir sa cuisine. Je suis un peu plus sceptique sur la présence de la soeur jumelle, Marie-Noëlle, si ce n'est sur une des dernières scènes où elle installe le doute chez d'autres personnages. Je vous recommande Marie-Francine si vous aimez différents niveaux de lecture, rire et vous émouvoir en même temps et voir ce que Valérie Lemercier a modelé ses matériaux pour en faire ressortir de la nouveauté avec ses bases (la bourgeoisie coincée, le drame dans la fantaisie et l'inattendu). A noter pour finir une bande originale avec des standards presque vieillots (de Michel Legrand, Charles Aznavour ou Véronique Sanson entre autres) qui reflètent un peu le côté intellectuel de Marie-Francine/Lemercier et m'a fait penser encore une fois que ce sens du détail inouï est tellement indispensable dans ses réalisations.

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le 26 juin 2017

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