Que d’histoire et de pérennité qu’on peut trouver dans la saga Mission Impossible, adapté de la série télévisée dés 1996 en passant entre différentes mains. Même si on apprécie moins certains volets que d’autres, il faut reconnaître que chaque réalisateur qui est passé derrière la caméra a su apporter sa touche à la franchise d’une façon ou d’une autre : Brian De Palma qui plaçait l’intrigue dans une ambiance de film noir, John Woo qui s’amusait avec la franchise en s’auto caricaturant sans vergogne (quoique la transition entre les deux volets m’a fait un drôle d’effet lorsque je les ais découvert à la suite) ou encore Brad Bird qui démontrait ses talents de narrateur dans le cinéma en prise de vue réelle après avoir séduit à 3 reprises avec dans le domaine de l’animation chez Pixar et Le Géant de Fer quelques années auparavant.


Christopher McQuarrie, auteur du chouette Jack Reacher, reprenait avec honneur la franchise avec un très efficace cinquième volet mêlant à la fois les cascades réelles et un très bon savoir faire technique qu’il a su développer, en dépit d’une écriture parfois inutilement casse tête qui a eu tendance à me brouiller même au second visionnage. Avec le deuxième volet sur lequel McQuarrie bosse, ce souci se règle en grande partie mais d’autres défauts se font présent.


Il y a une chose devant laquelle on est tous contraint d’être de bonne foi, qu’on aime ou non cette franchise, c’est que les Mission Impossible, à l’image de la saga James Bond pour parler d’une autre franchise prolifique, s’efforce à chaque film de privilégier le réel et l’effort physique au détriment des effets numériques (à quelques notables exceptions comme les fonds vertes du premier film lors de la traque sur le toit du train). McQuarrie continue de perpétuer cette tradition et livre probablement avec Fallout le plus organique des films de la saga, l’immersion est assurée et totale à chaque fois que ça soit par ses choix de mise en image (absence de musique lors du combat dans les toilettes du palais de Paris très physique et nerveux, le montage impeccable de la course poursuite d’un bon quart d’heure dans la même ville) ou les échos du film plus pesant que son prédécesseur et poussant davantage la menace à l’échelle mondiale de manière cohérente avec les éléments installés dans Rogue Nation.


L’ensemble en devient pesant sur les épaules de la petite équipe de Hunt mais jamais stérile et fadement lissé d’un point de vue atmosphérique (à l’inverse de d’autres blockbusters récent, La Momie ou Civil War pour ne citer qu’eux), ni même au niveau de ses protagonistes ou de la direction d’ensemble.


A ce titre la première moitié de film est quasi parfaite et démontre ce que la franchise fait de mieux entre de bonne mains : l’aspect espionnage, le poids du complot du Syndicat et l’omniprésence des enjeux via les missions d’infiltration d’Hunt et sa bande restent le cœur de la saga avec les piques comique bienvenues et savamment placés (certaines répliques sarcastique ou ironique, le cynisme de Benji, l’improbabilité de certaines situations). Fallout réutilise d’ailleurs adroitement les éléments des précédents films avec les répercussions des événements qui se font toujours un peu plus sentir film après film


(le retour d’Ilsa Faust, les retombées de la capture de Solomon Lane)


.
Cela ne nous épargne pas des scénettes moins enthousiasmantes et savoureuses


(la scène d’ouverture pas très fine, la réintroduction de Julia la femme d’Hunt, la vraie nature du personnage de Walker qui se devine dés le premier tiers)


mais le plaisir de revoir Tom Cruise en action et dans un bon film est là. Toujours très investi physiquement dans ses acrobaties et autres cascades intenses et débordant de présence après 22 ans d’existence de la saga, bien soutenu par le reste des acteurs loin d’être effacés (les habitués comme Ving Rhames et Simon Pegg aux nouvelles têtes comme Vanessa Kirby ou Henry Cavill).


Mais les réjouissances se retrouvent par moment atténués dans sa deuxième moitié, parfois proche du abracadabrantesque dont une série de Twist qui décontenance profondément par son enchaînement


(et qui se conclue sur la mort survolée d’Alan Hunley joué par Alec Baldwin)


ou des éléments intrusive, y compris dans un climax aussi haletant soit-il qui n’échappe pas à des facilités minimaliste


(le câble de l’hélicoptère qui s’attache à la roche, j'ai involontairement ris à ce moment là, ou encore les deux bombes désactivé pile une seconde avant qu’elles ne soit déclenchées).


Un peu regrettable sachant qu’à côté on a toujours la technique très organique du réalisateur qui livre, sur ces 2h20, certains des meilleurs moments d’action de la saga (le saut en parachute en plan-séquence sur Paris) sur un ensemble qui nous tient continuellement en haleine et à soigneusement traiter certaines intrigues intimistes (la relation entre Ilsa Faust et Ethan Hunt et la place qu’ils occupent par choix ou par contrainte dans le monde de l’espionnage)


Quant à la musique de Lorne Balfe, c’est du boulot correcte et toujours plus écoutable que ses bouillasse auditives habituelles mais d’autres compositeurs ont été largement plus inspiré et moins pétaradante que lui, même un anecdotique comme Joe Kramer.


A la conclusion de ce sixième opus, on en ressort époumoné avec la sensation d’avoir vécu une expérience physique qui fait un grand bien dans le cinéma d’action moderne et la saga poursuit un presque sans faute que d’autres séries de film n’ont pas su maintenir au fil du temps. La faute à un système hollywoodien qui a de plus en plus de mal à comprendre la sève de certaine saga (Terminator Genisys et Die Hard 5 pour ne citer qu’eux) là ou l’équipe derrière les MI font toujours preuve d’une profonde application de la part de tous et de toutes dans la forme comme dans le fond. Un sixième film extrêmement organique qui mène la saga un peu plus vers les sommets !


PS : Évitez impérativement la 3D, c’est important. Non seulement l’image est assombrie mais surtout les très rares reliefs sont extrêmement mineurs et les sensations de voltige ou de vertige sont inexistants.

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