Money Monster est le dernier film de Jodie Foster, présenté au Festival de Cannes, avec en tête d’affiche George Clooney et Julia Roberts.
Nous suivons le personnage de Lee Gates (George Clooney), présentateur de télévision qui se retrouve à être l’otage de Kyle Budwell (Jack O’Connell), un homme aillant perdu tout son argent à cause d’un mauvais placement sur une action qui a causée une catastrophe boursière, le poussant à vouloir dénoncer ce qui se passe réellement sur le marché boursier. Pour cela, il effectue donc une prise d’otage de Lee et de toute son équipe en plein direct.


Le film commence sur le personnage de Lee de part son émission car au fond c’est comme cela qu’il est défini. Nous ne savons rien de lui hormis ce qu’il nous dit lui même à la télévision.
En quelques minutes le film arrive à nous faire comprendre et à nous montrer la routine de son travail et le stress permanant de la télévision. Le film tout entier file à un rythme effréné, nous pourrions facilement croire que c’est une tactique pour que les spectateurs ne s’endorment pas ; ce qui est vrai quand le film n’a aucune émotion à transmettre, mais ici ce n’est bien évidemment pas le cas.
Le film transpire d’émotion, c’est peut-être cela qui donne toute sa dynamique et pas seulement son rythme de montage. Le film s’ouvre en partant de la vie banale, mais qui semble lui ravir, de Lee, qui est très rapidement interrompu par Kyle. Malgré une mise en scène très brillante qui sait transmettre tout ce que le film veut nous dire en très peu de plans, il semble ne rien nous offrir de plus. Or, il y a un renversement de situation majeur qui brise tous nos aprioris.
La petite amie de Kyle a été retrouvée par la police et est mise en direct à la télévision. Cette technique était censée calmer les choses en jouant sur l’amour que Kyle a pour elle afin qu’il arrête de suite sa prise d’otage et se rende à la police. Or, c’est totalement l’inverse qui se produit car elle dégénère complètement, elle révèle toute la vie privée de son copain et annonce devant des millions de téléspectateurs que sa vie n’est qu’un échec total. Le film marque un très long silence qui est absolument nécessaire pour que, même nous spectateurs, nous respirions un bon coup. La scène est un immense monologue de sa copine et quand elle s’arrête le film était obligé de marquer une pause, obligé de laisser un temps pour respirer et encaisser cette lourde scène. Là est la justesse et le brio de la mise en scène qui l’a compris et gère le temps du film de manière sublime.
A partir de là le film change de direction, Lee va prendre Kyle sous son aile et l’amener longuement à la prochaine scène poignante. Il l’emmène donc vers le dernier élément principal du film qui consiste à retrouver le PDG de l’entreprise ayant causé la catastrophe boursière afin de lui faire dévoiler la vérité.
Le film est sans cesse dans l’entrelacement de scènes poignantes avec de longues pauses les suivant, puis des longues séquences en plan très serré sur les personnages marquant leur hésitation constante. Pourtant nous nous ennuyons jamais, tout est orchestré avec une précision qui permet de ne jamais trop faire durer une scène ou ne jamais oublier quoi que ce soit. Nous suivons le live, les spectateurs dans les bars, les restaurants, les rues, l’équipe de télévision disséminé dans tout New York afin de trouver le PDG, et la police devant l’immeuble. Le film arrive à englober tout cela en 1h38 sans que cela devienne brouillon.
Et à la fin nous avons des plans magnifiques où après tout ce qui s’est passé à la télévision les gens reprennent leur vie comme si de rien n’était. Cette fin nous laisse de marbre. Qu’est-ce que l’on peut comprendre de cela ? Est-ce une façon de critiquer notre manière à aller toujours de l’avant ? Est-ce que cela critique cette obsession télévisuelle à faire toujours dans le spectaculaire pour des choses insignifiantes ? Cette fin nous pose d’infinies questions et en cela elle est sublime.


C’est un film très émouvant, très fort, qui sait être sérieux et drôle, qui sait nous prendre au trip comme nous faire rire et à quel moment. La gestion de la temporalité du film est une orchestration fabuleuse. De plus, chaque personnage sait être émouvant, chaque élément du film apporte quelque chose et malgré le fait que celui-ci embrasse un nombre d’élément colossal, aucun n’est inutile. Il sait nous surprendre, le scénario brise les clichés et nous surprend justement là où nous nous n’y attendons pas.
J’ai le sentiment de souvent avoir à complimenter le montage, le fait que les films cessent de se remplir d’éléments superflus et critiquant notamment des films hollywoodiens, j’ai aujourd’hui l’impression qu’Hollywood réinvente une nouvelle norme de classicisme et pour l’instant elle fonctionne à merveille.


A bientôt dans une salle obscure !

ConflitCritique
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le 14 mai 2016

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