Eyes full of dollar signs
Night Call colle aux basques de son protagoniste principal comme lui-même le ferait, caméra à la main, en quête des images les plus crapoteuses et glauques possibles. Jake Gyllenhaal campe ici un rampant de la pire espèce qui se nourrit, tel les insectes sur les cadavres, des images qu'il vole, quand il ne provoque pas ce qu'il filme pour pousser encore plus loin le sensationnalisme.
Le réalisateur nous rend complice malgré nous des actes du pseudo journaliste. Si ses premiers exploits dérangent tout d'abord, ses reportages suivants font remonter à la surface nos plus bas instincts pervers, nous faisant attendre les prochaines images pour voir si les limites du supportable seront encore une fois repoussées.
Le film s'attache à son parcours et à son ascension, du témoin maladroit et voyeuriste au monstre glaçant de professionnalisme cynique sacrifiant le peu qu'il lui reste d'humanité sur l'autel de ce qu'il appelle lui-même un business plan méticuleusement calculé et préparé avec soin. Cette plongée dans l'abysse noir du trash et de la monstruosité fait froid dans le dos, comme la montée en puissance de Jake Gyllenhaal, impressionnant. Il est d'autant plus dommage de se rendre compte que la critique du système médiatique américain proposée par le film a vingt ans de retard, seul bémol d'une oeuvre qui a presque tout bon.