Voyage au bout de l'enfer thaïlandais avec ce long-métrage hué à Cannes et pourtant comparé avec le cultissime Drive. On retrouve Gosling, ici en Julian chargé de la vengeance de son frère, lui-même assassiné par vengeance. Julian devra affronter l'ange de la mort Chang, qui frappe sans état d'âme pour faire sa propre justice.
Ryan Gosling dit de ce film qu'il est le plus étrange dans lequel il ait tourné. Après l'avoir visionné, on comprend pourquoi : la violence, le sang, l'inceste, la "justice", la drogue, les meurtres remplacent les dialogues. Alors à quoi se raccrocher ? Au jeu des comédiens ? Sauf que Refn attend d'eux l'incarnation de leurs personnages : nous n'aurons droit qu'à des visages impassibles (et défigurés). En revanche, leurs gestes parlent pour eux-même, tout est symbolique : pour Julian, ce sont ses mains qui l'obsèdent. Fermées en poing, ouvertes, baignées de sang, attachées... Elles révèlent son impuissance, tant face aux évènements, qu'à sa mère (et, forcément puisque c'est du NWR, sexuelle).
Heureusement que ce film ne dure qu'une heure trente. Un peu plus et ça en devenait insupportable. A trop vouloir imposer ses délires malsains, Refn nous perd. On peut se reposer sur l'esthétique (toujours très lumineuse et rouge) mais rien ne remplace un scénario bien ficelé et des personnages bien construits. Avec Only God Forgives l'idée de base s'étire et s'étiole. Peut-être compte-t-il sur nous pour combler les trous ?