6 août 1945. Japon. Tandis que la canicule s’abat sur la ville d’Hiroshima, ses habitants vaquent à leurs occupations. En l’espace de deux images terribles (Un objet parachuté dans le ciel, une lumière blanche fulgurante) le monde bascule dans l’horreur.


     Il y a ceux qui sont suffisamment loin pour n’apercevoir qu’un immense nuage s’élevant vers le ciel. Il y a ceux, trop proches, qui prennent de plein fouet le souffle de l’explosion. Et il y en a d’autres qui ne recevront qu’une pluie noire. Le masque de l’agonie lente.


     L’horreur, Shohei Imamura n’hésite pourtant pas à l’arpenter dans le présent : Corps mutilés, figés et calcinés, chairs fondues, rivière jonchée de cadavres, survivants éphémères rampant dans les décombres. Rien ne nous est épargné, pas même le plan de cette femme agonisant avec un bébé brulé dans les bras. Jamais je n’oublierai ces images terrifiantes, de ruines et de flammes, que le réalisateur japonais glisse çà et là par discrets flashbacks.


     Rares sont les films qui auront si puissamment reproduit l’horreur atomique. Pourtant, si le film s’ouvre sur le jour J il surprend en effectuant vite un saut temporel et géographique. Ainsi le récit se situera essentiellement cinq années plus tard dans une campagne environnante. La catastrophe d’Hiroshima est encore sur toutes les lèvres autant qu’elle n’est plus qu’un lointain souvenir.


     Se concentrant sur les rescapés de « l’éclair-qui-tue » condamnés à une mort lente, Pluie noire est l’ultime gémissement des rejetés du Japon d’après-guerre, qui arborent peu à peu les stigmates psychologiques et symptômes physiques de la radiation, condamnés à mourir à petit feu. Grand film. Dur, indispensable.

JanosValuska
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le 12 oct. 2021

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JanosValuska

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