Réussi malgré un final de "conte de fées" assez maladroit

Je suis allé voir ce film avec curiosité, ayant trouvé la bande-annonce sympathique et sobre (loin du futur étron sur la révolution française et Louis XVI en préparation...désolé c'était juste un petit troll rapide :p ). Bien que je n'ai pas vécu moi-même la fac de médecine mais plutôt la prépa MPSI, j'ai malgré tout retrouvé certains points communs avec mes observations même si - comme le dit un personnage du film - le préparationnaire est conditionné à ne justement pas engloutir des volumes de connaissances mais plutôt à apprendre à les retrouver de façon efficace et à comprendre comment reconstruire une preuve par analogie de principes appris.


Premièrement, le film montre bien la certaine "injustice" de la médecine et de la prépa : la passion, la volonté ne font pas la réussite. Pire, l'enseignement serait en réalité déconnecté de la réalité et des compétences nécessaires à être un bon médecin. Le film cependant ne tombe pas dans la caricature et concède que la résistance à l'épreuve est une qualité exigée du futur médecin. Je n'ai évidemment pas les compétences pour juger la médecine, mais en ce qui concerne l'ingénieur c'est effectivement la latitude qu'il parcourt en tant qu'étudiant qui lui permet d'aborder des problèmes sur plusieurs plans. Inutile donc ? En valeur propre, sans doute, en tant que faisceau de couleurs certainement pas.
Cette "injustice" est personnifiée dans les deux personnages : l'un fils de médecin, décrochant le concours au premier coup malgré une propension à la glande dans ses débuts ; l'autre, sincèrement passionné par la médecine mais ayant déjà échoué deux fois (il avait quand même dentaire, ce que j'aurais pris si j'avais été dans cette filière et moins terrorisé par le corps humain en non passionné pragmatique ^^) malgré un travail acharné jusqu'à l'épuisement.
Enfin, cette idée se retrouve dans la méthodologie : le premier prône un bachotage "idiot" des annales, après tout il suffit juste de s'entraîner à devenir une machine à répondre : l'autre, passionné, essaie de sincèrement comprendre les mécanismes sous-jacents à ce qu'il apprend. Et pour ça messieurs, qu"on aille dans n'importe quelle filière, c'est presque toujours vrai ! Triste...mais vrai ! Pour ma part, je suis un peu un mélange des deux et j'ai fait les frais d'une trop grande conscience à Centrale (heureusement tous les concours ne sont pas des concours de vitesse).


Au delà de cela, "Première Année" est un film parfaitement concentré sur son sujet, presque "docu"-fiction dans sa majeure partie. Seule la relation d'entraide entre les deux personnages, perturbée momentanément par de la jalousie puis par un burnout du second héros, ramène le récit dans un cadre fictif. Les états d'âme du premier protagoniste (arrivé dans cette voie juste parce que c'est une option classique du bon élève et parce que papa est médecin - petit tacle d'ailleurs dans le film contre le système éducatif qui a tendance à cloisonner les filières selon le niveau général comme "récompenses", conduisant les étudiants vers des voies qui ne répond pas à leurs aspirations) et ses relations familiales apportent aussi un peu de densité à l'ensemble. Mais, loin de détailler l'année dans l'exhaustivité, le film préfère afficher des moments clés ou des scènes d'ambiance montrant l'atmosphère de la filière. En somme, c'est un film très sobre mais parfaitement bien joué et sympathique dans l'ensemble.


Seule ombre au tableau, la fin un peu facile que je qualifie de scène de "conte de fées" en ce qu'elle contraste avec le certain "réalisme" du film. Certes on pourra comprendre que l"injustice" plus haut est réparée, mais il y avait des façons moins surréalistes et faciles de le faire.Quoi qu'elle en soit, elle souligne malgré tout une certaine "cruauté" du milieu et de la compétition qui heureusement disparaîtra comme le montre la scène des troisième année...après avoir laissé un champ de cadavres sur le palier !

Foulcher
7
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le 12 sept. 2018

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Foulcher

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