La solitude, nous ne la ressentons que peu. Seuls se pense comme une course contre la montre et refuse le temps calme voire mort d’une vie initialement monotone, où perce une violence quotidienne qui, par la suite, sera décuplée, élongée et retendue vers des horizons indéfinissables. Le souci, c’est que la peur, la paranoïa, le vertige d’une mort mystérieuse, tout cela ne dispose pas du temps nécessaire à un développement crédible. L’héroïne nous est bazardée au cours d’une introduction bâclée ; s’ensuivent les nouveaux amis puis le maître des couteaux qui ne réussit guère à s’ancrer dans l’univers duquel il provient pourtant. Tout semble tellement expédié à la va-vite que les acteurs – passables – peinent à conférer une profondeur émotionnelle à leur personnage, souvent réduit à un trait de caractère stéréotypé. Les quelques idées propres à la composition des plans rappellent que le film adapte une bande-dessinée, dont ni le découpage ni la noirceur ludique ne sont ici réinvestis de façon judicieuse. La bande originale de Rob confère néanmoins une tension croissante assez efficace, redoublée par la complicité des comédiens qui paraissent s’amuser plus que nous. Seuls réduit son matériau de base à n’être qu’une saga pour adolescents de plus, n’apportant pas grand-chose en dépit des bonnes intentions de son équipe de réalisation et de production. Petite, très petite anomalie dans le paysage audiovisuel français.