Au croisement entre le film de gangster et le contemplatif il y’avait Sonatine. Et c’est exactement ça qui en fait un chez d’œuvre.

Le film ne s’embête pas de dialogues inutiles ou de scénario alambiqué ; les bases sont vites jetées. Il s’agit d’un règlement de compte entre clans japonais rivaux. Le décor sera principalement celui de cette charmante maison au bord de l’océan. Les protagonistes, des tueurs en chemises bariolées, plus ou moins expérimentés.
La dualité dans le genre du métrage suit un schéma assez particulier mais néanmoins intéressant ; d’abord la violence. Les 30 premières minutes voient se succéder de nombreux bains de sang aussi soudains que dévastateurs. C’est ensuite la sérénité et c’est à mon sens, le meilleur moment du film.

Farces diverses dans ce cadre idyllique du littoral japonais, romances naissantes et plans sur des voitures roulant paisiblement confèrent au film une poésie inouïe. Tout n’est que douceur, comme si les blessures de ces hommes qui n’aimaient pas tant tuer cicatrisaient progressivement ; l’évolution du personnage principal, qui montre son humanité et son humour de façon graduée en est significative.
Il y’a dans les plans de Sonatine quelque chose d’hypnotique. Comment ne pas rester bouche bée devant un esthétisme aussi poussé ? On se délecte devant tant de beauté, une beauté qui n’étais pas promise, qui n’est pas prétentieuse.
La mer est calme, la lune scintillante, les visages apaisés. Mais ça ne peut durer.

À nouveau la violence, à la toute fin du film. Comme une piqure de rappel douloureux à la trame principale qu’on aurait préféré oublier.
Un dernier bain de sang machinal et résigné puis le suicide, fatal mais nécessaire ; la poésie de Sonatine ne peut être que tragique.

Sonatine est une odyssée gracieuse, une catharsis indéniable. L’aspect testostéroné du film de Gangster est absent ici. Toutefois le côté badass, beaucoup plus appréciable, ne l’est pas.

Les multiples ambitions de ce diamant caché du cinéma sont largement remplies. Une incroyable découverte qui a du mal à se décrire.

ldonkeyboy
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le 22 janv. 2021

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ldonkeyboy

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