Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Y avait pas grand monde pour critiquer les suites paresseuses et opportunistes de Pixar ces 5 dernières années, mais à la sortie de Soul ce 25 décembre dernier, j'ai l'impression que les fins limiers de ce site ont décidé d'affuter leur (mauvais) sens critique et de faire la fine bouche devant ce film, quand bien même il s'agit là du projet le plus créatif que nous ait livré le studio depuis longtemps.


Certes il n'est pas exempte de défauts. Je lui reproche notamment un rythme trop soutenu à certains endroits, ainsi qu'un ton beaucoup trop léger qui contraste avec la teneur des enjeux et handicape la tension dramatique du récit. J'aurais également à redire sur la façon dont Pete Docter assène son message avec lourdeur lors du dernier acte, notamment dans une scène de flashback lourdingue et pas franchement utile.


Toutefois, il m'est impossible de bouder mon plaisir devant l'inventivité folle du long-métrage. Rien que le monde des âmes et son fonctionnement donnent lieu à mille trouvailles scénaristiques, ainsi qu'une énorme variété dans la représentation graphique des personnages et des décors dépeints à l'écran. Des partis pris esthétiques radicaux, renvoyant au bac à sable le Mexique carte postal de Coco et son univers sous-exploité.


Mais c'est en le mettant en perspective du monde réel avec ses décors photo-réalistes fourmillant de vie, que le monde des âmes prend alors tout son sens.
Car Soul, c'est avant tout le récit initiatique de Joe, un musicien raté qui à force de chercher un sens à son existence, finit par perdre de vue son principal intérêt. Il lui faudra alors le regard neuf d'une âme étrangère à notre monde pour comprendre que la vie ne se résume pas à la réussite professionnelle, qu'elle a bien plus à offrir et qu'il convient d'en profiter intensément pour le peu de temps que nous avons à passer sur cette planète.


Un message qui peut sembler naïf au premier abord, mais qui va toutefois à l'encontre de la doxa dominante qui veut que l'on trouve notre voie professionnelle et que l'on s'épanouisse dans le travail, surtout lorsque l'on peut vivre de sa passion.
Un discours auquel j'ai moi-même du mal à me défaire, même après le visionnage du film.


C'est peut-être pour cela que Soul a réussit à me toucher malgré ses imperfections. Son intrigue et ses enjeux sont suffisamment limpides pour être apprécier par les enfants, mais en vérité il résonnera davantage chez l'adulte que je suis devenu, confronté aux mêmes problématiques que le personnage principal et également terrorisé à l'idée de ne pas trouver ma place dans ce bas monde.


Soul n'est peut-être pas le meilleur film de Pete Docter, mais c'est clairement l'aboutissement de son œuvre. Et ce n'est pas un hasard lorsqu'on sait que ses films ont toujours été liés à l'évolution de sa fille Elie Docter.
Monstres et Compagnie parlait de ses terreurs d'enfance, elle incarnait elle-même le personnage d'Elie dans le film Là-Haut, Vice-Versa arborait son passage vers l'adolescence et il est donc normal que Soul traite de son passage vers la vie d'adulte, au moment même où la jeune fille fête ses 22ans cette année, 22 comme le nom de l'âme qui s'apprête elle-même à commencer sa vie sur terre !


Alors mes chers éclaireurs pisses froids, retournez vous palucher sur le dernier film Netflix de Noël parce que ça vous rappelle les Disneys de votre enfance. De mon côté je préfère me tourner vers des œuvres neuves et originales, avec un tout petit supplément d'âmes qui saura résonner en moi comme aucun autre film auparavant !

Alfred_Tordu
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films d'animation Pixar, Films découverts en 2020 et Les meilleurs films de 2020

Créée

le 30 déc. 2020

Critique lue 173 fois

4 j'aime

Alfred Tordu

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4

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