Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Mettons les pieds dans le plat dès le début en citant cette réplique non moins culte - et moult fois empruntée - d'un jeune garçon d'une célèbre série télé : "je ne m'attendais à rien et j'ai quand même été déçu(e)".


Pour tout vous dire, j'attendais ce film avec une certaine impatience car, de prime abord, il me semblait être une nouvelle pépite sortie tout droit des fonderies Pixar. Et, en même temps, je n'ai pas cherché à en savoir plus sur lui ou sur l'histoire qu'il devait raconter. Je savais seulement qu'il était question de musique (jusqu'à quelques jours avant sa diffusion sur Disney + où j'ai également appris le pitch de départ : à savoir, un homme qui meurt de manière accidentelle alors qu'il est en passe de réaliser son rêve). Et c'est tout.


Cependant, il faut savoir que je suis quelqu'un qui est très attachée à l'ambiance sonore des films et séries que je regarde. J'adore les BO (j'ai presque plus de BO dans ma CD-thèque et sur mon pc que de musiques autres) et, de manière générale, j'adore la musique. Je n'en fais pas moi-même et je chante comme une casserole, mais la musique est pour moi un très important vecteur d'émotions sans lequel il m'est impossible de vivre. De fait, un film traitant de ce thème et notamment de l'amour d'un homme pour celle-ci au point d'y consacrer toute sa vie et d'en faire son objectif de vie principal, ça devait me parler.


Sauf que voilà, Soul ne fait finalement qu'effleurer cette passion. Certes, on comprend l'attachement du héros au jazz parce qu'il en parle régulièrement, mais il passe plus de temps à courir et à résoudre mille et uns problèmes plutôt qu'à se caler derrière son piano pour nous enchanter les tympans. Et c'est bien dommage parce que les scènes les plus belles sont finalement celles où il joue, celles où d'autres musiciens jouent ou encore, celles où on le voit en compagnie de son père, lui-même jazzman. Bref, celles où il est question de musique.


Mais la majeure partie de l'action de ce film tourne en vérité autour d'une intrigue déjà vue, résultat d'un quiproquo déjà vu découlant de comportements déjà vus : Aladdin se faisait déjà passer pour ce qu'il n'était pas dans un but égoïste ; Kuzco, Rebelle et plus récemment En avant nous montraient déjà des courses contre la montre où les compagnons de route apprennent l'un de l'autre. Quant aux interversions de personnalité dans un but comique, j'ai déjà les films Jumanji qui me viennent en tête, mais il y en a sûrement plein d'autres (Merlin l'enchanteur mettait d'ailleurs un pied à l'étrier avec ce face-à-face entre Arthur l'écureuil et cette jeune femelle écureuil qui s'éprend de lui sans savoir qu'il n'est qu'un humain métamorphosé). Bref, ce n'est pas nouveau, en plus d'être prévisible à plusieurs kilomètres.


Ensuite, je dois vous avouer que le contraste entre le monde des vivants très réaliste et l'arrivée dans les mondes de l'après et de l'avant, m'a assez déstabilisée. L'Après totalement psychédélique m'a sortie du film en un quart de second. Je n'y ai trouvé aucune magie, aucune poésie, aucune émotion. Et j'ai du mal à croire que le héros soit le premier à ne pas accepter bêtement son sort, surtout lorsqu'il s'agit d'une mort accidentelle. L'Avant est cotonneux, pastel, rond et pelucheux, et n'a au final qu'un intérêt moindre. Les "Michel" sont finalement ce qui ressort de plus intéressant dans cette partie-là de l'histoire, malgré un design qui ne colle pas avec le reste du décor. Bref, j'ai l'impression qu'on a voulu en mettre beaucoup dans un minimum de temps sans se pencher sur l'homogénéité du produit fini.


Et enfin, je dois dire que j'ai encore du mal à saisir quel était le propos de ce film. Les seules morales que je parviens à retenir de mon visionnage, c'est qu'il ne faut pas manger des chips industrielles et qu'il vaut mieux marcher en regardant les graines de tilleul tomber plutôt que de courir après un rêve dont l'accomplissement ne t'apportera pas plus de bonheur qu'espéré. J'ai bon ? C'est ça ? C'est vraiment ça, la morale de ce film ? Arrête de rêver et fais du rien. Ca n'a absolument pas de sens. En plus, d'ordinaire, les créations Pixar et Disney ont plutôt tendance à pousser les spectateurs à croire en leurs rêves et à donner tout ce qu'ils ont pour les réaliser. Alors, je suis d'accord avec le propos qu'il faut savoir se poser, observer le monde qui nous entoure et profiter des plaisirs les plus simples offerts par la vie, sans se claquemurer dans une obsession stérile ; mais renoncer à ses rêves, c'est débile. Dans le monde actuel où tout va à vau-l'eau, c'est peut-être encore le seul truc qui fait tenir l'humanité debout. Bref, le scénario ne me semble pas être maîtrisé de bout en bout. J'ai même plutôt l'impression qu'ils sont partis sur une idée de base (le gars qui meurt à deux minutes de réaliser son rêve) et qu'ils n'ont pas su trop quoi en faire par la suite.


Et je terminerai avec le petit point qui m'a agacé (attention, instant pinaillage) : un chat de la couleur du félin présenté (on appelle ce type de pelage : écaille de tortue) est obligatoirement une femelle (à l'instar des chats roux qui sont quasi exclusivement des mâles). Donc, l'entendre plusieurs fois se faire appeler "Monsieur Matou", j'avoue que ça m'a fait grincer des dents. Fin du point pinaillage.


En conclusion : j'attendais de la musique, de l'émotion, des souvenirs plein la tête ; je n'ai eu qu'une course-poursuite, de l'ennui et rien d'intéressant à garder en mémoire. Pour moi, il est techniquement bon (même si pas homogène du tout), le doublage est bon, l'absence d'histoires à l'eau de rose et de chansons niaises sont de bonnes choses, mais il manque indéniablement quelque chose à cette réalisation pour me faire rêver. Je mets 6 parce qu'il y a quelques beaux passages et que tout n'est pas à jeter, mais ce film ne restera clairement pas dans les annales et clôture une année 2020 à oublier.

NicodemusLily
6
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le 30 déc. 2020

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NicodemusLily

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