Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Un film que j'aurais vraiment, vraiment aimé découvrir sans avoir vu la bande-annonce qui a finalement spoilé tout ce qui était bien et surprenant. C'est un peu dommage, mais faisons avec - Soul est un étrange Pixar à mon goût, pour une raison toute bête : il ne me semble pas si accessible que ça aux enfants. Évidemment il se regarde à tout âge oui, il a des moments rigolos et il n'est pas difficile à saisir dans les grandes lignes d'autant qu'on a bien un personnage "enfant", mais on sait tous qu'il y a comprendre et comprendre.


Je trouve ce film bon. Bon car audacieux, car on a rarement vu le sujet pesant de la mort être abordé dans une version si absurde un peu doux-amer, sans qu'il ne soit question de la moindre religion. Le film s'en sort si bien avec sa vision de l'avant et de l'après qu'on croirait, l'espace d'un instant, que mourir n'est qu'une nouvelle idée un peu folle de Pixar. C'est aussi un film sur la Mort qui n'est pas un film sur le deuil, et ça c'est plutôt exceptionnel, et bien joué aussi. D'ailleurs je parle de crever depuis le début, mais en y jetant un second regard, c'est plutôt un film sur la vie, qui utilise la fin de celle-ci pour illustrer son début. Sincèrement, un film bon mais...


Mais il y a un "mais". Cela dit aucun film n'est parfait, alors pourquoi pas ; en dehors des détails plus ou moins essentiels qui m'ont chiffonnés, je suis divisé par le message global du film. Soit je suis trop bête pour l'avoir correctement interprété, ce qui est une hypothèse tout à fait plausible, soit je suis coincé dans cet entre-deux où d'un côté je trouve qu'avoir un message pas clair est excellent (parce que ça reflète la complexité infinie de la vie que le film illustre pendant 1h40, que je vais pas vous spoiler et bla bla bla c'est poétique), et de l'autre que ça donne au film une conclusion vraiment... plate. Tu prends ta crise existentielle, ton suppo, ton générique de fin et hop, au dodo.


Cependant, bien que la fin m'a un peu donné l'impression de regarder un ballon se dégonfler pendant une durée indéterminée, ce n'est peut-être pas dû uniquement à cette "morale" qui visiblement passe à côté des deux sacs de farine qui me servent de cerveau. J'ai été plutôt déçue par la conclusion, et c'est bien la première fois dans un Pixar. Allez hop, sautez moi tout ce spoil et gardez vous la surprise si vous ne l'avez pas déjà vu.


La fin avait quelque chose de vraiment puissant, puisqu'elle remettait les choses "à leur place". C'était littéralement la quête de tous les personnages du film, remettre de l'ordre, donner un sens aux choses, portée par ce qui aurait dû être une des dernières répliques de Joe : "Tout va bien, j'ai eu ma vie.". Malgré tout l'attachement que j'éprouve pour le personnage de Joe, lui donner cette fin, lui donner la mort qu'il avait passé des heures à esquiver pour finalement passer "sa" vie à quelqu'un d'autre... ça m'aurait fait chialer la production annuelle de bouteilles Volvic, pour sûr. Mais j'aurais trouvé ça mieux que le très, très, très prévisible coup de la deuxième chance qu'on voit venir de très loin et qui, je trouve, casse tout l'élan dramatique construit jusqu'ici. Bah oui quand on passe plusieurs minutes à te montrer un personnage qui accepte son soi-disant inévitable destin d'une belle manière et puis d'un coup on lui ouvre une porte et il hésite pas un seul instant à s'y jeter alors qu'il y a une seconde il était prêt à partir... ça m'a un peu cassé mon truc, j'aurais préféré que le film aille au bout de son sujet et l'assume jusqu'à la toute fin. Mais à nouveau, c'est l'avis de moi subjectivement miens.


Un second point noir pour moi du film, c'est son humour. Il m'a fait rire honnêtement, mais il aurait été vraiment beaucoup plus drôle si toutes ses blagues n'étaient pas constamment annoncées juste avant qu'elles n'arrivent. C'est systématique, vous n'y échapperez pas : si un personnage dit qu'il peut faire [action absurde] ou parle d'une [action absurde] qui pourrait arriver, elle arrive dans la seconde. C'était quand même marrant mais je pense que ça aurait pu l'être davantage. Dernier petit point noir, l'histoire était bizarrement découpée. C'était pas vraiment des arcs, pas vraiment des chapitres, alterner entre une dimension où le temps n'existe pas et une autre où il est très rapide, le film n'aura cessé de donner des coups de freins et d'accélérateurs un peu comme ça lui chantait.


En dehors de ça, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? C'est un Pixar, évidemment que c'est bon, et même si Disney joue toujours les collabos à l'avoir sorti uniquement sur leur plateforme complètement claquée au sol, on ne peut pas blâmer les créateurs en eux-mêmes. C'est un bon film, bons personnages, bon thème, bonne exécution, bonne animation... et même si ce n'est pas mon Pixar le plus marquant, ça ne lui enlève aucune qualité et je recommande d'y jeter un œil.

Roulibr
6
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le 26 déc. 2020

Critique lue 141 fois

Roulibr

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