Une ville de 2000 ans démolie en deux ans

Jia Zhang-Ke, décidément un cinéaste qui me fascine, trouve ici le cadre parfait pour mettre en place son cinéma, une ville de 2000 ans démolie en deux ans.


Le principe de base du film est assez similaire à celui de Xiao Wu, artisan pickpocket : des personnages étant, ou étant devenus, étrangés à un lieu dans lequel ils reviennent, tout en y étant intimement liés. Faisant ainsi d'eux des témoins privilégié de l'évolution de la société chinoise, au travers des microcosmes qu'ils (re)découvrent.


Que ce soit la métaphore qu'impose le principe même de ce lieu voué à la noyade ou les personnages que l'on y croise, tout nous montre subtilement la même chose, une Chine dont le peuple avance à taton sur la voie d'un changement qu'on lui dit grandiose et tout tracé, une société qui détruit aveuglément ses fondements millénaires sans trop savoir quoi construire sur ces futurs décombres.


Mêlant habilement fiction et documentaire, Still Life offre, en plus de son discours, d'autant plus fort qu'il n'est pas asséné au gourdin, des moments de grâce multiples, surprenants de puissance contenue.

ZayeBandini

Écrit par

Critique lue 131 fois

2

D'autres avis sur Still Life

Still Life
SanFelice
9

Nature morte

Ce film est très important pour moi. Il m'a permis de découvrir Jia Zhang-ke, cinéaste majeur actuellement. Un de ces artistes dont la réalisation crée un monde unique, novateur et terriblement...

le 5 sept. 2012

29 j'aime

5

Still Life
Brad-Pitre
7

Pleines Gorges

Sans cesse le progrès, roue au double engrenage, fait marcher quelque chose en écrasant quelqu'un. — Victor Hugo Still Life est l'âpre portrait d'une Chine dont la mutation presse, asservit et use...

le 3 sept. 2015

7 j'aime

Still Life
Morrinson
6

Les adieux à Fengje

Still Life s'insère remarquablement bien dans le courant cinématographique chinois du début du XXIe siècle, que l'on pourrait qualifier de nouvelle vague critique, sociale et pessimiste, aux côtés de...

le 7 oct. 2021

6 j'aime

Du même critique

Les Enfants de la mer
ZayeBandini
8

4°C jusqu'à l'infini

Encore un film d'animation qui ne va pas être distribué avec les bons arguments, lors de l'avant-première en guise de dossier de presse on nous donne le genre de brochures pour les enfants de...

le 7 juil. 2019

19 j'aime

Pierrot le Fou
ZayeBandini
10

Admettons donc.

Aujourd'hui Jean-Paul Belmondo est mort, et avec toute la tristesse que cette annonce m'a procuré, j'ai ressenti le besoin de revoir ce film. Pourquoi celui-ci je ne sais pas, peut-être parce que...

le 6 sept. 2021

8 j'aime

2

Le Détroit de la faim
ZayeBandini
9

À la croisée des films noirs de Kurosawa et des grands polars de Nomura, c'est dire...

Un immense oubli dans les classiques connus et reconnus du cinéma japonais, dans la droite lignée du Entre le ciel et l'enfer de Kurosawa, et augurant en un sens les immenses adaptations de Matsumoto...

le 2 août 2021

7 j'aime