Went didn't Worth the break
Le voilà, le très attendu premier film de Park Chan-Wook aux Etats-Unis. Gros buzz et gros mystère autour du projet, on a parlé d’une nouvelle histoire de vampire, on a été surpris par l’annonce de Wentworth Miller au scénario, on salivait au vu du trailer alléchant et l’annonce du casting ainsi que les dithyrambiques premiers retours finirent de combler les attentes des fans du réalisateur sud-coréen.
Verdict.
Bon déjà, c’est beau. Comme d’habitude chez Park, la direction artistique et la photo sont au top. Au niveau de la réalisation, on remarque cependant des choses plutôt inhabituelles chez le réalisateur, notamment dans la première partie. On sait le rôle du réalisateur totalement dictatorial en Corée, arrivant souvent sans idée sur le plateau, filmant sous tous les angles possibles et imaginables. Aux États-Unis, les syndicats et la puissance des studios offrent un environnement totalement différent et une puissance bien moindre au réalisateur. Il s’agit d’arriver sur le plateau avec une idée très précise de comment on va s’y prendre. Cette différence fondamentale, évoquée par Park en interview, et malgré ses dires, se ressent parfois dans le film quand le montage devient soudainement beaucoup plus court, limite à bout de souffle, et qu’on sent que ce jour-ci, tout ce qu’il y avait à filmer n’est pas rentré dans la boite. Mais encore, si ce n’avait été que cela, le film s’en serait sûrement sorti avec tous les honneurs.
Ici, le problème fondamental, c’est le scénario de Monsieur Prison Break Miller. Ou plutôt le contraste saisissant entre la direction que prend l’histoire d’un côté et tout le reste de l’autre. Alors qu’à chaque plan Park essaye de foutre une métaphore ou une idée visuelle géniale, rien de tout cela ne fait sens dans l’histoire de Stoker. On a la forte impression qu’il y a un fort manque de communication en amont sur l’histoire et le scénario du film et que Park n’a pas pu le retoucher pour y insuffler du sens. Car c’est bien là le problème, Stoker n’arrive jamais à faire sens. L’histoire ne fait pas sens, du coup toutes les idées de réalisation de Park tombent à plat. Pourquoi cette araignée ? Quid de l’envoutement de l’Oncle sur Nicole Kidman ? Et ces quelques incursions du surnaturel… pourquoi ne pas avoir fait un vrai sujet sur ça ? Et enfin le plus gros mystère reste le personnage de Mia Wasikowska sur lequel on aurait bien aimé une réponse, mais dont la fin la rend encore plus énigmatique, et pas vraiment dans le bon sens du terme.
Sur une histoire aussi faible, au relent de Hitchcock du pauvre et au final très vieillotte, on aurait au final beaucoup mieux vu Kim Jee-Woon, dont le Last Stand en demie-teinte est en train de doucement flopper un peu partout, mais qui avec son sublime A Tale of Two Sisters derrière lui et habitué au scénario plus réduit, aurait sûrement traité la chose de manière beaucoup plus adéquate.
Le film qui ne manque néanmoins pas de charme réserve quand même quelques scènes d’une maitrise incroyable et nous rappelle quand même que Park en a sous le pied. S’il veut faire quelque chose de valable à Hollywood, on pourrait lui conseiller pour le prochain essai de mieux choisir son scénario, ou tout simplement de l’écrire lui-même, et de laisser Monsieur Prison Break écrire des inepties dans son coin.