Et pourtant, ça a été un de mes coups de coeur, bien que je n'aie pas que des éloges à adresser à ce film, le troisième à mettre au crédit de Deray... Un film injustement inconnu déclarera Dominique Besnehard (qui s'y connaît), en présentant ce film sur France 5... Etrange : on vous enjoint de rester chez vous à cause du virus et on n'a jamais vu de programmes TV aussi mauvais que répétitifs pendant cette pandémie. Une chaîn a même osé nous refiler une énième fois de plus "la 7° compagnie"... sans parler de France 2 qui nous contamine de ses fonds de tiroirs !
Côté couacs de cette avnture, quel bête titre et quelle idée saugrenue d'avoir sacrifié à la mode du racolage à l'aide de titres ronflants, genre "mélodie en sous-sol" plus réussi celui-là ! D'ailleurs le peu de musique que contient ce film sera loin de flirter en tête des hit-parades ! On aurait même pu s'en passer tant la sobriété est de rigueur dans cette histoire ! Pas de violences outrancières (si bien sûr il y a quand même pas mal de mort) : tout est dans l'ambiance et la psychologie des personnages complètement différents les uns des autres mais qui vont agir en bande organisée. Aucun suspense non plus malheureusement : dès le départ le ton est donné et on sait qui va trahir !
Le scénario et le dialogue sont une petite merveille et le film s'avère bien meilleur que le roman dont il est tiré : "Les mystifiés" d'Alain Reynaud Fourton pas bien terrible de l'avis de ceux qui l'ont lu ! L'auteur ambitionnait de jouer du reste le rôle du "héros" de ce film mais un bout d'essai avec Sautet détruisit ses ambitions : n'est pas Rochefort qui veut mais là encore, il fallut toute la force de persuasion de Deray pour l'imposer à la production...
L'acteur abordait là son premier grand rôle et le voir ici jouer sans moustache est perturbant... Comme il le reconnaissait lui-même, la nature avait doté son physique d'un long espace entre la base du nez et la bouche et il semblait y manquer quelque chose ! D'ailleurs dans le récit, l'acteur se déguise pour passer inaperçu en s'affublant d'une moustache factice ! Y aurait-il pris goût lors du tournage ?
Autre début dans la profession : celui de Michèle Mercier qui même avec un petit rôle, laisse entrevoir une suite de carrière prometteuse : elle est brune à l'époque, belle, et joue divinement bien !
Ce qui n'est pas du tout le cas de l'autre prestataire féminine, la sulfureuse Daniela Roca plus connue avec"Divorce à l'italienne", et qui, imposée par un co-producteur italien ayant bénéficié de ses charmes, joue très mal les utilités !
Personnellement, je n'ai pas cru une seule seconde que le personnage de Rochefort puisse en tomber amoureux... Du reste, la malheureuse actrice joue déjà ici à 26 ans et pulpeuse, un de ses derniers rôles suite à des problèmes psychiatriques qui l'éloigneront des plateaux de tournage... Elle décèdera en 1995 à l'âge de 57 ans dans l'oubli total...
Pour le reste, le casting est composé de valeurs sûres comme Dauphin, Vanel, Auclair... Mais je ne dirai pas autant de bien de José Giovanni qui joue faux !
Rappelons que l'homme a réellement été un truand et qu'une des répliques qu'il donne à Vanel est autobiographique : il fut en effet taulard. Il avait même été condamné à mort, puis gracié ! Il s'était racheté en écrivant, faisant des scénarii, et même des réalisations. Et le scénario et le dialogue qu'il nous livre ici ne sont pas rigolos à la façon façon Audiard, mais vraiment maffieux. C'est ainsi qu'il fait dire à Vanel : "Si je devais passer en revue tous les gars de ma génération, y aurait pas beaucoup à marcher !" Répartie superbement efficace et qui fait froid dans le dos ! A des années lumière d'un Olivier Marchal, de l'autre côté de la barrière !
Comme à son habitude, Deray collabore au scénario en lui donnant cette touche façon Verneuil ou encore Melville qui faisait le succès des polars de l'époque. Pas de cavalcade effrénée, mais du concentré d'assassinat et de tueurs sans scrupules...
Seule bizarrerie dans cette sobriété : une superbe Jaguar décapotable avec conduite dans le mauvais sens qui semble étrange entre les mains d'un truand qui aurait eu avantage à faire dans la discrétion s'il veut se métamorphoser en "monsieur tout le monde"... La "réclame" n'avait alors aucun complexe, aucune limite !
Les résultats du film furent encourageants avec 857 000 entrées, mais loin de "Mélodie en sous-sol" à la 7° place du box office 1963 avec 3,5 millions de spectateurs en salles !
Verneuil lui, connaissait la musique !

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le 1 mai 2020

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