Durant sa première semaine d'exploitation française, Tenet a réalisé 40% des entrées, aplatissant sans vergogne la dérisoire concurrence. En tant que sauveur du cinéma en salles, Christopher Nolan se pose un peu là, fort de son image de virtuose du "blockbuster d'auteur". Sauver le monde, telle est la mission des héros du film, pas moins, ce qui donne idée de l'endroit où la barre est placée. Une prétention qui se retrouve dans le ton du long-métrage qui ne s'autorise aucune trace d'humour ni de poésie mais qui donne lieu à des dialogues volontiers abscons, censés nous expliquer pourquoi l'humanité est en danger et comment de gentils américains vont faire le maximum pour y remédier et contrarier les plans de méchants russes (les indiens sont au milieu et on a oublié les chinois, il est vrai qu'il faut préserver ce marché pour les recettes à venir). Passons sur l'inversion du temps qui sert de base au scénario, jamais clairement expliqué et qui permet ainsi à peu près tout et n'importe quoi, avec un éparpillement façon puzzle, au fil du récit. Ce qu'il faut savoir, comme certains personnages le répètent à plusieurs reprises, c'est que : "ce qui s'est passé, s'est passé." Cela, au moins, le commun des spectateurs mortels l'aura compris, sans décodeur. A vrai dire, toutes les théories quantiques et l'enfumage cérébral ne servent à Nolan qu'à nous servir, sur un plateau, une version pyrotechnique de James Bond, avec balade aux quatre coins du monde, fusillades en série, poursuites en voitures et autres joyeusetés, soulignées lourdement par une musique assourdissante. Et le côté humain dans tout ce chaos ? Pratiquement absent, seul l'attachement viscéral d'une mère pur son fils, anecdotique par rapport au reste, suggérant que ce cinéma-là a encore quelques sentiments derrière le grand spectacle de la vitesse et de la violence. Ouf.

Cinephile-doux
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le 6 sept. 2020

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