S’il y a une chose que je déteste dans les films et les séries, c’est devoir supporter des personnages qui prennent des décisions que je n’aurais jamais prises à leur place ou qui sont affectés d’un caractère ou d’un trouble de la décision qui les conduit à agir de manière stupide, non logique, non censée, voire pire, détestable (si vous regardez la Casa de Papel, vous voyez de quoi je parle, ces ficelles scénaristiques ridicules qui rallongent artificiellement une intrigue qui ne sait pas se tenir).


Dans The Gentlemen de Guy Ritchie, qui finalise enfin sa trilogie de qualité (démarrée avec ses deux premiers films et mise en suspens de nombreuses années durant lesquelles ses errements et cachetonnages l’ont conduit à ne réaliser que d’immenses bouses sans saveur), les personnages, pour fous qu’ils sont tous à leur manière, sont avant tout très humains. Amoraux à peu près complètement, ils se révèlent très attachants au point qu’on jubile de leur bonne fortune tout au long du film. Leurs actions ne sont dirigées que par leur intérêt réfléchi dans un contexte chaotique très fun, sans être dominées par un ego abrutissant.


L’histoire est le deuxième élément fondamental d’un film. Ici, pas de chichi, elle est retorse, alambiquée, se déroule tambour battant avec ironie et effet miroir constants. Les allers retours, entre l’excellente narration d’un Hugh Grant aussi en forme que bedonnant et le déroulé de cette pièce occupée pour majeure partie par un Matthew McConaughey sobre et efficace et un Charlie Hunnam surprenant tout en explosion contenue, qui se paye le luxe de ne montrer que les scènes qui ne montrent rien, assoient une marque de fabrique autant qu’un style, une vision, un trait de génie, sinon un vrai travail de qualité. Je ne sais plus qui disait que de toutes façons, au cinéma, il ne fallait filmer que lorsqu’il ne se passait rien. Du coup quand il ne se passe rien, on boit les dialogues ciselés, leur accent so british, la pression qui monte tout en sentant un petit hommage à Pulp Fiction qui ne se dément jamais (la différence majeure se trouvant dans le fait que The Gentlemen fait aboutir la pression).


Jusqu’au bout, on tremble. Et si on devait trouver quelques défauts, flaws en anglais, à ce long métrage maîtrisé, il faudrait pinailler en allant chercher du côté de la relation que Mickey entretient avec son épouse, un peu survolée, ou encore vers l’épilogue, peut-être pas complètement nécessaire après un final en feu d’artifice, mais qui permet de glorifier un personnage trop peu vu jusque là (pas de mention pour éviter tout spoil sur son devenir).


Bref, dans cette année fumeuse et fumiste, The Gentlemen le sont pour de vrai. Une réussite de bout en bout !




Critique publiée sur le journal d'un con.

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le 12 avr. 2020

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hillson

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