The House That Jack Built par Antevre

Réalisateur polémique s'il en est, Lars von Trier livre avec ce film une réponse, un art poétique aussi bien à ses détracteurs qu'à ses admirateurs.

Pourquoi un tel "material" ? Pourquoi le corps humain ? Ou plutôt, pourquoi, comme canevas pour ses oeuvres, utiliser directement le ressenti de son public ? Meurtre après meurtre, film après film, dans The House That Jack Built, von Trier réexplore sa filmographie, se livrant tantôt à l'autocritique, explicitant tantôt ses attentes ou ses motivations. Dans une descente aux Enfers guidée par Virgile, le réalisateur persiste et signe : il a choisi sa voie, avec ses propres raisons, et il assumera jusqu'au bout, quitte à finir au fond du gouffre.

Sans vouloir juger sur le fond (je ne m'estime pas apte à juger de l'autocritique du réalisateur, n'ayant vu qu'une partie des films qu'il aborde dans The House That Jack Built), mon opinion ici est motivée par un plaisir enfantin devant la facture du film; Récit allégorique maitrisé et insolent, où le réalisateur utilise un Matt Dillon en pleine forme montrant face caméra, notamment à l'aide de pancartes, les différentes critiques qui lui sont communément adressées, le film n'est pas avare en références et plans de significations, porté par une esthétique pertinente et un soin parfaitement excessif (Mr Sophistication) permettant de ciseler le ressenti du spectateur avec toute la provocation dont le bonhomme est capable.

Finalement, ce qu'il en ressort, c'est un testament d'un narcissisme assumé, reposant l'éternelle question du statut de l'auteur, de la présence visible et réelle à travers l'oeuvre, et, ce faisant, du statut de l'art.

Bref, en deux mots, c'est un gros fuck, mais virtuose, du coup c'est assez marrant.