De la SF sans réflexion, un Nolan sans Nolan

RETOUR SUR


A cheval entre Terminator et un épisode de Black Mirror, Transcendance réalisé par Wally Pfister est, sur le papier, un film d'anticipation sur le trans-humanisme comme j'en raffole. Pourtant, sur bien des points de fond comme de forme, le film peine à avoir une vraie crédibilité.


Evelyn et Will Caster (Rebecca Hall et Johnny Depp) sont un couple de scientifiques travaillant sur la création d’une intelligence artificielle dotée de sensibilité. Dans ce but, ils parviennent notamment à uploader la conscience d’un singe dans un ordinateur quantique. Attaqué par un groupe de terroristes anti-technologies, Will se retrouve sur son lit de mort. Evelyn, accompagné de son ami et chercheur Max Waters (Paul Bettany), va alors tenter de reproduire l’expérience avec la conscience de son mari condamné.


SUR LE FOND : 5 étoiles


Il y a là un thème intéressant, des idées prometteurs mais rien de plus. Ça caresse la surface au lieu rentrer dans le dur (aucunes connotations tendancieuses, je vous assure). Les seules fois où Transcendance ose aller les deux pieds joints dans l’anticipation, la création d’un univers pré-cyberpunk, bah ça foire manque de cohérence et de réflexions.


En vrac : Comment techniquement ils parviennent à « transférer » la conscience de Will dans un PC ? D’ailleurs c’est quoi exactement ? La conscience ? Les souvenirs ? L’esprit ? Que se passe-t-il durant l’ellipse de deux ans ? Pourquoi Max est finalement resté avec ses ravisseurs ? Pourquoi le Gouvernement n’est pas intervenu durant ces deux ans ? Quel est le lien entre la conscience de Johnny Depp se baladant sur internet et la régénération de tous les matériaux existants sur Terre ? Par quelle magie les humains connectés sont optimisés ?


Beaucoup de questions, peu de réponse. Le film semble plus s’intéresser à la relation amoureuse entre Evelyn et Will qui pour le coup, aurait peut-être méritée d’être secondaire.



So you want to create a god ? Your own god ?



That's a very good question. Isn't that what man has always done ?



Faiblesse des réflexions, faiblesse des acteurs également. Johnny Depp en personnage tellement blasé qu’il semble plus humain en IA. Rebecca Hall qui n’offre pas une mauvaise prestation mais qui, personnellement, ne m’a pas trop touché. Et puis des personnages secondaires complètement transparents ! Morgan Freeman qui n’est là que parce qu’il n’a pas voulu manger de gâteau, Cillian Murphy en seul représentant des organisations fédérales des Etats-Unis d’Amérique, et Kate Mara en Sarah Connor du pauvre.


Bon, Wally Pfister se paye quand même le luxe de tuer Johnny Depp (ça devient une habitude) non pas une fois, mais deux !


SUR LA FORME : 6 étoiles


Directeur de la photographie attitré de Christopher Nolan (avec lequel il collectionne les Oscars), Wally Pfister se voit confier pour son premier long-métrage, la réalisation de ce « blockbuster » à 100 millions de dollars. Même si c’est vrai que cela fait un peu le même effet que de voir une Lamborghini avec un A au cul, Transcendance n’en est pas moins un film beau, tentant certaines choses intéressantes.


Mais voilà, c’est peut-être un beau film de Pfister mais malheureusement, j’ai plutôt vu un mauvais copycat de Nolan. La même direction artistique (jusque-là, logique), le même plaidoyer pour la pellicule, les mêmes plans en lent travelling, les mêmes scènes énigmatiques ne trouvant leur sens qu’à la fin du film. Et sur ce dernier point, c’est complètement raté. Le film ouvre sur un plan très beau d’un parebrise de voiture sous la pluie reflétant les lumières des feux et des phares. Et le plan revient au dernier tiers du film. La première fois, on ne comprend pas et on est intrigué. La seconde fois, on comprend et on s’en fout.


Toujours est-il que Transcendance reste un film esthétiquement beau, avec deux ou trois bonnes idées et des effets spéciaux intéressants. Rentré dans ses frais à trois petits millions près, Wally Pfister n’a malheureusement pas réalisé de nouveaux long-métrage depuis 2014. On se console en se disant qu’il nous reste Christopher Nolan, l’original.


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON


NOTE TOTALE : 6 étoiles

Créée

le 13 mars 2018

Critique lue 208 fois

Spockyface

Écrit par

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