"La police, c'est pas les coupables qu'elle interroge, c'est les victimes"....

Yves Boisset le réalisateur, 82 balais en 2021 et dont on ne parle plus beaucoup, n'a pas dû se faire que des amis dans la Police à l'époque de la sortie de son troisième film ! Quelle audace ! Il est vrai que le cinéma de l'époque se plaisait à voir jusqu'où la" liberté" chérie de notre devise républicaine aurait pu aller dans le réalisme de ses tournages... Tans tant dans ses dérives que de l'audace de ses images de jolies actrices dénudées...
Osée quand même cette réalisation, froide, dure,d'une violence extrême, mais semblant tellement réaliste des meorus de l'époque !
Au point que le film fut initialement censuré par Marcellin, alors ministre de l'intérieur... ce qui ne manqua pas de procurer à ce fillm une incroyable autant qu'inespérée publicité... Inespérée ?
En tout cas, quelle audace que dévoiler ces bavures policières, ces"passages à tabac", ces tirs dans le dos des fuyards, ce commissaire principal BCBG mais un brin ripoux... Mais de nos jours, n'est-on pas tombé dans l'excès inverse ?
A l'époque comme aujourd'hui, ce titre pas très accrocheur m'avait laissé perplexe.... Le Larousse qualifie le terme "condé" comme "fonctionnaire de police" argotiquement... Complètement tombé en désuétude...Trop noble ?
Tout est réussi dans ce film : son témoignage "historico-patrimonial", son scénario contrarié ... que la production dut revoir à contre-coeur... Un de ses co-adaptateurs initiaux, Antoine Blondin, fut remercié car cédant trop à la dive bouteille, et s'étant odieusement comporté vis à vis de Michèle Mercier, alors pressentie pour le rôle féminin du film finalement interprêté par Françoise Fabian.
On ne mentionnait pas le responsable des castings dans les génériques de l'époque, mais quelle distribution épatatnte, quels jeux d'acteurs pourtant non starisés !
Ventura avait d'ailleurs refusé le role tenu finalement par Bouquet : trop antipathique. Ce dernier, 95 ans de nos jours, est tout simplement prodigieux de réalisme : tel un robocop froid et déterminé à venger, coûte que coûte, la mort d'un de ses collègues et ami...
Ca m'a rappelé son interprétation aussi glaciale qu'admirable de celle de ll'inspecteur Javert des "Misérables" avec Gabin : un grand moment de cinéma...
Parmi l'excellent choix de comédiens, l'un d'eux, Théo Sarapo, avait connu la célébrité des paparazzi en épousant Editf Piaf... Ne perçant pas dans la chanson, il aurait pu réussir au cinéma car son second et dernier rôle ici est brillamment interprêté... Il n'eut pas le loisir de voir la sortie de son film : sa voiture roulant à vive allure fut fauchée par celle d'un automobiliste ivre, et il mourut à 34 ans.
Bon, on passera sur les ficelles de métier du financementr comme cette "réclame" institante sur le "Martini", ces promotions tabagiques, ces voitures de sports qui étaient de vraies chaloupes...mais c'est tellement d'époque...
Une réussite avec 1 328 785 spectateurs, qui méritait mieux, mais qu'on voit trop rarement rediffusée à la télévision. Etrange...
Film maudit ? Comme en 1970, l'exploitation ultérieure de cette oeuvre ne fut pas un long fleuve tranquille pour Vera Belmont, la productrice poursuivie en justice pour avoir filmé son fils mineur au cours d'une scène de violence de cette épopée...
Arte le 04.10.2021