La B.O de Yesterday est formidable, et pour cause, et justifie à elle seule de regarder (et d'écouter) le film qui n'est pas qu'un karaoké géant ni un biopic en creux. Aux manettes, le duo Danny Boyle/Richard Curtis déploie son savoir-faire, mise en scène énergique et scénario écrit comme une partition, sans faille ou presque, la partie comédie romantique se révélant tout de même trop sucré, notamment sur la fin. Cette histoire d'un (seul) garçon dans le vent est franchement jubilatoire reprenant quelques gags de Jean-Philippe mais en ajoutant une multitude d'autres vu qu'un monde sans Beatles parle davantage à l'univers entier que sans Johnny Hallyday, sans vouloir lui manquer de respect. Le génie mélodique des 4 de Liverpool, évident pour tout le monde (moins peut-être pour ceux qui préfèrent les Stones), crée des scènes d'une grande émotion à chaque fois qu'une de leurs chansons "inédites" est révélée à un public médusé et Yesterday a bien raison de jouer sur cette sidération de laquelle le spectateur est forcément complice. Le point de départ du film est excellent mais il faut reconnaître à Curtis le talent d'avoir su le développer avec un sens aigu du rythme dans le récit, maniant parfaitement l'ironie envers le monde cynique de l'industrie musicale et, plus largement, de la "pureté" britannique face à l'impudence décomplexée américaine. Himesh Patel et Lily James, plutôt sobres, sont dans le ton de ce feel good movie, parfois euphorisant, phénomène qui doit un peu aux acteurs, au réalisateur et au scénariste, mais surtout à la permanence prodigieuse des morceaux composés par le Fab Four.