"Peu importe qui vous êtes dans votre vie, vous avez besoin de quelqu'un pour la partager."
Bien que tout le potentiel réflexif ne soit pas exploité dans le concept, A Big Bold Beautiful Journey se livre à une rétrospection réminiscente particulièrement bouleversante : les souvenirs finissent par servir une œuvre particulièrement douce en dépit de leur goût amer qu'ils laissent de façon indélébile.
Pour introduire le concept du "fabuleux voyage" auxquels se prête le duo de protagonistes, j'avoue que je craignais le naufrage face à un enchaînement de répliques plastiques, parfois même puériles : tout est trop encré dans la réalité avant de basculer brutalement dans le fantastique du récit. Tout semblait faux jusqu'à ce que les personnages se livrent dans le jeu des souvenirs particulièrement sincère : je ne sais pas si je souhaite percevoir ce choix comme un passage du superficiel de la rencontre au sincère de la connaissance, ou si je prends ça comme un grand manque de finesse, mais le résultat est là : j'ai peiné à m'intégrer au voyage. Ce n'est que lorsqu'il débute que tout prend véritablement un sens, forçant le couple à une introspection bouleversante, renvoyant n'importe qui au moins une fois face à sa propre existence.
Certes, on peut considérer cette structure de un trajet, une porte, un souvenir, puis un trajet, une porte, un souvenir, assez spiralée ; et moi-même je trouve cela dommage, là où explorer une perturbation des souvenirs de façon plus dramatique que comique aurait offert un choc plus intense. Pourtant, chaque voyage fonctionne à la perfection, visant juste dans les émotions souhaitées et dans la paix recherchée avec les souvenirs : rupture, regrets, face à face avec ses conflits émotionnels, chaque thématique explorée m'a sincèrement touché. Une chose est sure, le jeu symbiotique de Colin Farrell & Margot Robbie participe grandement à cet aspect touchant, mais le récit concentre toute l'essence même de l'œuvre : pour aimer, il faut instaurer une paix avec ses émotions, ses souffrances et ses remords. Ce voyage est déchirant, mais emprunt d'une grande espérance de vie meilleure une fois l'introspection achevée.
C'est alors l'occasion, en tant que spectateur, de se questionner sur chaque action de vie : ai-je fait les bons choix relationnels ? Pourquoi aimer lorsqu'on doute de soi et de notre capacité à gérer la relation ? Pourquoi je ne peux pas être aimé par certains ? Les problématiques soulevées sont tant humaines que dramatiques, étant difficile de conclure avec certitude à une réponse, mais elles sont abordées d'une façon si réconfortante que le résultat est là : l'œuvre donne envie de foncer dans chaque expérience que la vie impose sans jamais se poser la question du "pourquoi". Tout se transmet alors par une positivité débordante, passant par ce récit particulièrement touchant autant que par la réalisation chaleureuse de Kogonada, colorée, joviale et rythmée par une bande originale faite pour résonner en salle. On ressort touché et remué, mais certainement pas détruit tant le réconfort vital en ce moment est proposé dans des réponses, certes cousues de fil blanc, mais faites pour apporter du bonheur : et c'est sincèrement réussi !
Si A Big Bold Beautiful Journey a du mal à poser sa structure pour consolider ce qu'il construit, le voyage n'en perd jamais en impact émotionnel, imposant un regard mature sur le souvenir autant que sur la positivité qu'il faut pour aborder pour vivre. Nul besoin de jouer un rôle ou de se forcer pour exister, il faut juste trouver qui nous sommes : la réponse n'est alors pas bien loin, elle est cachée dans nos souvenirs, tristes ou heureux, dramatiques ou poétiques, consolidant le "moi" du présent à chaque instant.
PS : Qui savait que Colin Farrell était si doué en musical ? Je le veux dans une comédie musicale MAINTENANT !