À mort l’arbitre ! compose une satire grinçante du petit monde des supports de football, dans lesquels se projettent les passions et pulsions de l’être humain en général : son détraquement résulte de l’interdépendance des appels de la chair, omniprésents et donnant lieu à des étreintes brutales tantôt choisies tantôt repoussées avec force, et des envies de meurtre liées à l’identification puis à la persécution d’un bouc émissaire. À la différence de Jean-Jacques Annaud qui abordait l’ensauvagement d’un individu victime de calomnies (Coup de tête, 1979), Jean-Pierre Mocky restitue à merveille les mouvements d’une masse filmée comme une meute dans des espaces architecturaux postmodernistes (notamment les Espaces d’Abraxas) conférant à l’ensemble des allures de fable apocalyptique à la façon des Chiens (1979) d’Alain Jessua sorti quelques années auparavant. La très belle direction artistique, assurée par Edmond Richard, contribue à la composition d’un cauchemar moderne n’offrant aucune issue à son duo d’amants tout droit sorti du polar classique, auquel s’ajoute le flic immuable dans un rôle de spectateur étranger et désabusé. Une chasse à l’homme mémorable.