A la multitude de personnages et à la toile de fond complexe de Margin Call, J.C. Chandor avait répondu par une épure aussi bien formelle que narrative pour son second long-métrage, le superbe All is Lost. Il retrouve à nouveau un sujet peu accessible et ambitieux pour A Most Violent Year, précédé d'une très bonne réputation.


Rythmé au son de flashs radios commentant les derniers crimes en date, A Most Violent Year retranscrit parfaitement toute la violence d'une époque, met à jour les rapports souvent étroits entre le milieu des affaires et la criminalité, s'interrogeant sur le degré de droiture que l'on peut conserver face à une concurrence déloyale et intimidante. Comment rester propre et réglo lorsque nos employés risquent leur vie tous les jours, lorsque même la justice est plus encline à nous jeter des bâtons dans les roues plutôt qu'à nous protéger ?


Confrontant son décor glacial aux tons crépusculaires d'une magnifique photographie signée Bradford Young, J.C. Chandor donne à ses interrogations des allures de film noir qui n'est pas sans rappeler le cinéma de James Gray. Une mise en scène au cordeau, renforcée par l'interprétation impeccable de Oscar Isaac, mais qui ne permet cependant pas à l'émotion d'éclore totalement, comme si le cinéaste n'arrivait pas entrer complètement dans la psyché de ses personnages.


Bien qu'interprétés par un casting solide, les seconds rôles peinent à exister réellement, entièrement dévoués au parcours du héros. Dommage, la présence de Jessica Chastain ou d'Albert Brooks étant toujours appréciable, surtout que J.C. Chandor avait prouvé avec son premier essai qu'il était capable de maîtriser un récit choral, même sur une durée réduite.


Pas facile d'accès et handicapé par une froideur ambiante réduisant l'impact émotionnel, A Most Violent Year témoigne cependant du talent de son cinéaste, tout aussi doué pour rendre limpide des sujets pourtant compliqués ou pour donner naissance à des instants purement cinématographiques. Il me tarde de découvrir au plus vite sa prochaine merveille.

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le 29 févr. 2016

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Gand-Alf

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