Buddy double
Faux premier film de Jesse Eisenberg, « A real pain » semble céder, presque caricaturalement, à la tentation de l’auteur « jeune », mu par la volonté d’aborder toutes les thématiques qui lui sont...
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le 25 févr. 2025
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Deux cousins entament un voyage de la mémoire : il s'agit d'un tour touristique de l'holocauste, nuit en hôtels et petits déjeuners compris.
Un tel parcours touristique existe réellement! Jesse Eisenberg en tire une comédie bien américaine, mais peut-être plus fine qu'il n'y paraît. Au début on s'enfonce dans les poncifs, à commencer par Chopin qui compose la majeure partie de la bande-son, renforçant l'aspect carte postal et kitsch du dispositif. Mais justement, cette musique est un bon choix pour relever l'aspect dérangeant du programme. Il est juste dommage qu'on continue à avoir du Chopin alors qu'on s'achemine vers une vérité personnelle au cours du film.
C'est souvent drôle, mais les interventions de Kieran Kulkin confinent au malaise. On sent bien que là est la "real pain" du titre, que Benji, électron libre, ne sait pas comment exprimer sa souffrance mais qu'elle est sans doute la plus vraie de tout le groupe, ce qui crée un décalage avec la légèreté affichée. Légèreté qui ne résiste plus lorsque l'horreur devient matérialisé. Au début on peut moquer un monument dédié à la résistance polonaise, on peut mettre des petits cailloux sur une tombe comme un cairn élevé par des scouts. Mais devant un monceau de chaussures, cette légèreté vole en éclats.
C'est là que réside sans doute le propos du film : montrer qu'on a beau en rire et affecter la légèreté, l'holocauste a engendré un mal-être profond qui s'étend aux descendants des survivants des camps, et dessine une confrérie de la souffrance (l'un des personnages étant également un survivant du génocide rwandais). Confronter la Shoah à l'actualité. Car nous montrer les camps de concentration comme un passé horrible a son intérêt, mais risque justement de confiner l'évènement à un passé heureusement révolu. Ce qui, bien sûr, est loin d'être le cas. Le choix de A real pain s'avère donc pertinent. Les cailloux laissés devant la maison de la grand-mère n'ont plus le même sens que les premiers : si les premiers signifiaient un devoir de mémoire vidé de sa substance, les derniers signifient la compréhension de ce même devoir de mémoire : "on se le doit à nous-même, car qu'on le veuille ou non, nous sommes passés par là, nous venons de là." Pour une fois la proposition venait du personnage de Jesse Eisenberg : il semblait jusque-là plus réfléchi mais il était en fait celui qui s'illusionnait le plus.
Le titre est donc bien trouvé : le voyage a beau être factice, la douleur était réelle.
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le 25 mars 2025
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