Après un au-revoir (là-haut), voici un adieu (aux cons) ! Mais bonjour les dingues, toujours, quand Dupontel est aux commandes. Avec son film précédent, une adaptation littéraire de toute beauté et virtuose, le cinéaste a en quelque sorte acquis un certain standing et il est fort logique, connaissant le tempérament du susdit, de le voir revenir en chroniqueur de notre époque et en dynamiteur, avec un film plus modeste, sur le plan des moyens, mais pas moins efficace. Après une entrée en matière que l'on peut trouver un tantinet brouillonne, Adieu les cons décolle littéralement en atteignant sa vitesse de croisière et en fuyant une fois pour toutes les rivages du réalisme pur et en convoquant à sa guise coïncidences et miracles. C'est de la BD, si l'on veut, mais survitaminée et dont les thèmes ne sont pas moins que la maladie, la mort et l'amour, entre autres. A bien y réfléchir, si le film est un thriller et un récit social, il est avant tout un mélodrame qui s'assume et se métamorphose avec une bonne dose d'humour car Dupontel ne fait pas dans le genre lacrymal. Toutefois, la scène la plus remuante (elle est même sublime) joue avec notre émotion et celle de ses personnages, quelque part au 13ème étage, dans l'ascenseur d'une grande tour. A relever aussi, cette poésie moderne et inquiétante à montrer hommes et de femmes obnubilés par leur téléphone portable, sans se soucier de leur environnement. Le cinéma de Dupontel est évidemment tout l'inverse, il se préoccupe des autres, des perdants et des malchanceux, en particulier, et quand il "se moque" du handicap, et pas qu'un peu, c'est avec la tendresse infinie de la dérision. Et puis, comme d'habitude, le réalisateur a l'art de faire briller de mille feux ses actrices. Virginie Efira est exceptionnelle dans Adieu les cons, qui complète une filmographie désormais quasiment sans pareil dans le cinéma hexagonal contemporain.

Cinephile-doux
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le 29 août 2020

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