Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Alors, j'ai beaucoup aimé, mais je sors quand même avec un sentiment de frustration.


Y'a pas à dire, Charlotte Wells sait filmer et diriger ses acteurs, et a un énorme potentiel en ce qui concerne l'écriture. Cependant, en regardant Aftersun, je ne peux m'empêcher de voir le travail d'une étudiante fraîchement sortie de son école de cinéma qui n'attendait qu'une chose : parler d'elle et de son histoire. Je n'ai rien contre les œuvres autobiographiques, qui sont très personnelles et égocentrées par défaut, mais qui peuvent aussi être intéressantes et auxquelles on peut s'attacher ou même se sentir représenté. Seulement, parler de son histoire en pensant que les gens vont automatiquement suivre ne suffit pas. Car malgré des personnages bien écrits, il manque des informations sur eux pour qu'on comprenne le contexte. Trop de questions sur ces personnages restent sans réponse. J'ai l'impression de voir une réalisatrice qui dévoile des choses très intimes, juste assez pour attirer l'attention, et qui meurt d'envie qu'on s'intéresse à elle plutôt que de vouloir créer une vraie connexion avec le public.


Je trouve aussi que le film est maladroit dans ses idées. Certaines scènes tuent la subtilité que le film essaie de mettre en place. Je n'aime pas du tout les séquences avec la Sophie du présent, qui sortent de nulle part, n'apportent rien au film et le rendent trop personnel (et qui font très "film étudiant"). C'est une expression maladroite et un peu gênante de la réalisatrice qui gâche un potentiel pour le public de se projeter dans l'œuvre, car elle veut à tout prix ramener le film à elle. De plus, le fait d'avoir parfois le point de vue du père nous montre trop de choses pour créer une réelle tension. À mon avis, le film aurait vraiment gagné à rester centré sur le point de vue de la petite. On aurait pu découvrir certaines choses avec elle et comprendre, grâce à des indices ici et là, ce qu'elle n'est pas encore assez mature pour comprendre sur le moment. Ce qui était l'une des intentions du film mais qui échoue selon moi, sauf peut-être avec la scène du début où elle s'amuse à filmer son père et à lui poser des questions. Là, ça fonctionne bien car on n'en sait pas plus et on commence à comprendre par nous même, et c'était très bien comme ça, pas besoin d'être plus explicite.


Comme j'ai plutôt aimé le film je n'ai pas envie de le descendre. Mais c'est une déception par rapport aux critiques élogieuses qu'il a reçus. Je finirai donc par insister sur les points positifs. Les dialogues sont très très bien écrits et sont parfois profonds et poétiques sans être cuculs (je pense notamment à la réflexion de la petite sur la distance). Les personnages sont très attachants et touchants, particulièrement le père, et puis c'est rare que des personnages d'enfants soient aussi réussis. Le talent des deux comédiens est incontestable, Frankie Corio, qui joue la petite, est très juste et a énormément de talent et de potentiel. La réalisation est inventive, et la plupart des plans sont réussis dans leur intention, certains sont même assez ingénieux et originaux (je pense encore une fois à la scène dont je parlais plus tôt où Sophie embête son père en le filmant, sûrement ma scène préférée). Enfin, certaines idées de scènes tapent aussi très juste, comme celle du water-polo ou celle du karaoké. Tout ce que j'ai critiqué précédemment n'est pas totalement raté, mais c'est le fait que le film soit constamment à cheval entre montrer trop et montrer trop peu qui m'a refroidi et m'a empêché d'être vraiment touché.

GugussuguG
7
Écrit par

Créée

le 22 avr. 2024

Critique lue 3 fois

Gugus_suguG

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur Aftersun

Aftersun
Moizi
8

All inclusive

Aftersun propose quelque chose qu'on ne voit quasiment jamais dans les films de vacances : un père et sa fille qui ne font rien, si ce n'est aller à la piscine et jouer au billard. Et pour ça le film...

le 1 févr. 2023

90 j'aime

2

Aftersun
Sergent_Pepper
7

Shout of time

Le film à hauteur d’enfant est toujours l’occasion d’un parti pris esthétique affirmé : il s’agit la plupart du temps de réduire le cadre, ou d’occulter certains éléments pour se mettre au diapason...

le 2 févr. 2023

80 j'aime

4

Aftersun
mymp
8

L'été meurtri

"Je ne peux pas m’imaginer à 40 ans, honnêtement. Je suis surpris d’être arrivé à 30". Calum dit ça à un moment, l’air grave, et la phrase émeut et heurte à la fois, témoigne de ce que l’on pressent,...

Par

le 27 janv. 2023

52 j'aime

Du même critique

Menus-Plaisirs - Les Troisgros
GugussuguG
7

Immersion chez les Troisgros

C'était mon premier visionnage d'un film de Wiseman, et j'avais hâte de découvrir sa filmographie. On m'avait décrit ses documentaires comme étant simples : un réalisateur et sa caméra sur un terrain...

le 20 avr. 2024

1 j'aime

Jojo Rabbit
GugussuguG
8

Critique de Jojo Rabbit par Gugus_suguG

J'ai vu quelqu'un décrire Jojo Rabbit comme un Moonrise Kingdom dans l'Allemagne nazie. Et c'est exactement ça, mais un peu plus enfantin et orienté vers la comédie, sans pour autant être moins...

le 30 avr. 2024

1 j'aime

Demolition Man
GugussuguG
6

Critique de Demolition Man par Gugus_suguG

C'est beaucoup moins bête que ça en a l'air, et pourtant c'est de droite!! Dommage que la réalisation lui fasse défaut.

il y a 1 heure