"Alex Cross" ou l’Assassinat du Polar au Grand Écran

Parfois, on regarde un film avec une curiosité sincère, voire une pointe d’enthousiasme. On se dit : « Tiens, un thriller adapté d’un roman à succès, avec un personnage culte… pourquoi pas ? » Et parfois, on tombe de haut. Très haut. "Alex Cross", réalisé par Rob Cohen en 2012, fait malheureusement partie de ces films qui donnent envie de vérifier la durée restante toutes les cinq minutes.


Le film se présente comme un thriller psychologique. Sur le papier, l’idée est séduisante : un flic brillant, une traque intense, un tueur sadique... Dans les faits ? Une enquête qui se déroule comme une mauvaise série télé du dimanche soir. Tout est convenu, prévisible, et souvent incohérent. Les dialogues sonnent creux, les pistes sont mal exploitées, et les « révélations » tombent à plat. Au lieu de nous tenir en haleine, le récit nous endort.


Ce qui choque rapidement, c’est le manque d’épaisseur des personnages. Tyler Perry n’arrive pas à donner vie à Alex Cross. Là où on attendait un homme complexe, habité, on se retrouve face à un protagoniste sans âme ni charisme. Le méchant, interprété par un Matthew Fox méconnaissable, vire carrément à la parodie : grimaces, folie caricaturale, et aucune motivation crédible.


Résultat : aucune alchimie, aucun affrontement digne de ce nom. On regarde passer des figures sans y croire, sans s’impliquer.


Du côté de la mise en scène, Rob Cohen semble avoir oublié que le spectateur de 2012 (et encore plus celui d’aujourd’hui) attend un minimum de clarté et d’élégance visuelle. Le film multiplie les effets de style fatigués : caméra qui tremble, gros plans inutiles, montage saccadé… Ça ne crée ni tension ni esthétique, juste un mal de tête.


Même les scènes d’action – censées être le point fort du réalisateur – manquent d’impact. On ne vibre pas, on subit.


Ce qui rend l’expérience encore plus frustrante, c’est de savoir que le matériau d’origine avait du potentiel. Les romans de James Patterson ne sont peut-être pas de la grande littérature, mais ils ont une efficacité redoutable et un vrai héros complexe. Ici, tout est vidé de sa substance. Le film ne fait même pas l’effort de construire une ambiance ou de développer les dilemmes moraux du personnage. C’est du fast-food cinématographique : vite consommé, vite oublié.


"Alex Cross" est un film qui m’a laissé un goût amer. Pas parce qu’il est foncièrement honteux ou risible, mais parce qu’il est désespérément vide. Il échoue à divertir, à émouvoir, à surprendre. Il trahit son héros et son public. En sortant de ce visionnage, j’ai surtout eu envie de me replonger dans un bon polar... pour me rappeler ce qu’est un vrai suspense.

CriticMaster
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le 29 avr. 2025

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